Qaanaaq – Mo Malø – Editions De La Martinière – 31 mai 2018 – 496 pages – 20.90 €
Résumé :
Dans le vaste pays blanc, l’esprit de Nanook se réveille. Le grand ours polaire, seigneur des lieux, protégera les siens. Jusqu’au bout.
Adopté à l’âge de trois ans, Qaanaaq Adriensen n’a jamais remis les pieds sur sa terre natale, le Groenland. C’est à contrecoeur que ce redoutable enquêteur de Copenhague accepte d’aller aider la police locale, démunie devant ce qui s’annonce comme la plus grande affaire criminelle du pays : quatre ouvriers de plateformes pétrolières ont été retrouvés, le corps déchiqueté. Les blessures semblent caractéristiques d’une attaque d’ours polaire. Mais depuis quand les ours crochètent-ils les portes ?
Flanqué de l’inspecteur inuit Apputiku – grand sourire édenté et chemise ouverte par tous les temps –, Qaanaaq va mener l’enquête au pays des chamanes, des chasseurs de phoques et du froid assassin. Et peut-être remonter ainsi jusqu’au secret de ses origines.
Mon avis :
Qaanaaq est un excellent polar qui offre une intrigue dense et riche menée par un personnage emblématique, profond et hautement attachant. Savant mélange d’enquête à la française et à la scandinave ce roman est passionnant. J’ai adoré cette lecture.
Je ne saurais dire si j’aurais choisi de lire ce titre si Anaïs Sérial Lectrice n’en avait parlé avec autant de fougue et de passion alors je ne peux commencer cet article sans la remercier chaleureusement pour cette recommandation qui m’a conduite à sauter sur ce titre dès que je l’ai vu à la bibliothèque. Et ce fût une très belle découverte pour moi tant de la plume de l’auteur que pour l’histoire passionnante qu’il nous offre dans ce polar nordique.
Parce qu’on ne peut pas être plus au Nord que dans ce roman puisqu’il se déroule au Groenland, le pays des inuits, de la banquise et des ours polaires, un monde tout à fait à l’opposé du nôtre. L’auteur a su décrire parfaitement bien ce décor, on s’y croirait. On sent bien l’énorme travail de documentation car non seulement les descriptions sont très réalistes et correspondent bien à l’image de ce pays que l’on peut voir dans les reportages à la télévision, mais l’auteur nous donne aussi de beaux passages instructifs sur le mode de vie des inuits, les légendes et les considérations quelque peu mystiques qui régissent leur comportement. J’ai énormément apprécié cet aspect du roman et qui s’intègre en plus parfaitement bien à l’intrigue.
On suit principalement deux personnages, Qaanaaq (et je suis désolée mais je fais partie de la team qui prononce Kaanaaq parce que le Hrr qu’on est censé prononcer du fond de la gorge non merci et en plus personne ne comprenait quand je le disais mdr), un enquêteur venu spécialement de Copenhague pour assister la police locale, en la personne de Apputiku, pour résoudre d’horribles massacres perpétrés dans la ville de Nuuk sur des ouvriers de plateformes pétrolières. J’ai beaucoup aimé suivre ces deux personnages que l’on découvre au fil des pages, qui sont extrêmement bien travaillés par l’auteur. Profonds et attachants ils portent le récit et représentent chacun une image différente de la police. Voir évoluer leur relation et la façon dont ils se voient est très plaisant.
En plus d’un décor hautement réaliste et de personnages forts, l’auteur nous offre une intrigue extrêmement bien ficelée, dense et riche. Sans pouvoir trop en dire sous peine de vous spolier, c’est une intrigue minutieusement orchestrée sur un rythme linéaire grandissant avec des rebondissements savamment placés pour donner un petit coup de fouet. L’auteur est le Musher qui guide les chiens de traîneau vers la résolution de l’enquête au rythme des obstacles qui se dressent sur la route (ici la banquise). C’est un savant mélange entre le rythme à la française et celui à la nordique. En effet, l’auteur colle parfaitement au rythme propre aux romans nordiques, un peu lent et fort descriptif mais tout en y ajoutant une pointe de sarcasme et d’humour à la française qui dynamisent le récit. On suit vraiment l’enquête aux côtés de nos deux enquêteurs, les indices et les réflexions qui les mettent sur une piste nous apparaissent logiques et cohérentes, on vit vraiment l’enquête avec eux et c’est ce côté très immersif qui me plait de plus en plus dans les polars.
Bref, j’ai adoré cette lecture pendant laquelle je ne me suis jamais ennuyée et dont chaque page lue a été un bon moment livresque.
Comme l’écrit l’auteur « Qu’on l’accepte ou non, résoudre une affaire criminelle revient toujours à faire son deuil« . Et bien il va me falloir accepter d’avoir quitté des personnages attachants et une ambiance particulièrement plaisante et d’attendre, peut être longtemps, un nouveau titre de l’auteur.
Pour finir un petit mot sur l’auteur:
Point de photo puisque l’auteur a décidé de rester anonyme. On sait juste que Mo Malø est l’auteur de nombreux ouvrages, sous d’autres identités. Il vit en France. Qaanaaq est son premier roman policier.
Pour en apprendre un peut plus sur lui je vous invite à découvrir l’interview qu’Anaïs Serial Lectrice a réalisée et publiée sur son blog le 6 juillet 2018 Lumière sur…Mo Malo
Et d’une manière générale, même si je pense que seuls les habitants d’une autre planète ne connaissent pas Anaïs et ses chroniques, je ne peux que vous recommander chaudement cette blogueuse de talent qui offre toujours des avis avisés et sincères.
Je note le titre! Merci pour ton avis qui m’a donné envie de le découvrir!
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