
Résumé :
McCoy est « bourreau » au Texas. Après 42 ans passés dans le couloir de la mort, il reçoit la visite officieuse du Gouverneur Thompson qui doit se prononcer sur la grâce du condamné numéro 0451. Il ne leur reste que quatre heures pour faire revivre les souvenirs de McCoy avant l’injection létale. Quatre heures dans l’isolement de la prison de Walls. Quatre heures pour cinq crimes qui déchaînent les passions. Quatre heures pour ce qui pourrait être la dernière exécution de McCoy. Quatre heures pour jouer le sort d’un homme. Un thriller psychologique aussi troublant que fascinant : une immersion sans concession dans le couloir de la mort et ses procédures d’exécution.
Mon avis :
Pour ce nouveau partenariat avec la maison d’éditions Taurnada, c’est Estelle Tharreau que j’ai pu découvrir avec son 5ème roman paru dans cette maison d’éditions, La peine du bourreau, un roman très noir dont la lecture a été une très belle découverte.
On y vit avec Ed0451, criminel condamné à mort, les dernières heures de sa vie dans le couloir de la mort puisque dans quatre heures, à moins d’un miracle, il sera exécuté pour ses crimes. Son seul espoir de voire commuer sa peine capitale en emprisonnement à perpétuité, c’est que le gouverneur de l’Etat, Russell Thompson, lui accorde une grâce. Seulement, cet homme politique, avant de prendre sa décision, veut s’entretenir avec Mc Coy, un exécuteur de peine (bourreau).
Ce roman est un huis clos de 4 heures de discussion entre le gouverneur et le bourreau pour essayer de comprendre et déterminer si Ed0451 doit mourir ou vivre pour le restant de sa vie en prison. L’enjeu est très important, on le sent bien, tant pour le condamné que pour le Gouverneur entre les mains de qui repose le destin d’un homme.
La peine capitale est un sujet fort et dans ce roman, au fil des histoires racontées par le bourreau, c’est tout le système judiciaire américain qui est décortiqué. L’évolution de la société américaine au fil des ans, le racisme, les décisions des juges de prononcer la peine capitale, les révisions de procès qui parfois innocentent un condamné à mort…mais trop tard. Le sujet est toujours en balance, pour ou contre, chacun à son avis sur la question.
On y voit aussi la vie de ces hommes qui ont « choisi » de devenir exécuteur de peine (bourreau), qui doivent vivre avec l’idée d’avoir tué des hommes après les avoir côtoyés pendant de longues années avant que la peine ne soit mise en œuvre. J’ai beaucoup pensé à La ligne verte pendant cette lecture tant ce que racontait le bourreau de sa vie aux côtés des condamnés à mort me rappelait les images de ce magnifique film (oui je n’ai vu que le film). Les relations humaines entre exécuteur et exécutés sont bien décrites et montrent toute la difficulté de ce métier. « Tant qu’il y aura des hommes pour garder d’autres hommes, rien ne pourra empêcher la vie de se frayer un chemin. Même dans le couloir de la mort. Un chemin étroit et ne débouchant sur rien, hormis un peu d’empathie qui torture l’esprit de certains geôliers ». Le titre du roman est à cet égard extrêmement bien choisi car le bourreau est exécuteur de peine mais il n’est pas dénué de sentiments et ce métier peut aussi provoquer sa peine.
Le rythme est dynamique, haletant, rapide, les chapitres s’enchainent comme les heures qui défilent et qui décomptent, au fil des pages, le temps qui passe et le compte à rebours avant l’heure fatidique. Avec en plus des passages où les journalistes couvrent l’évènement, on est bien conscients de ce qui se passe, le fort sentiment de réalisme nous étreint et on tourne les pages dans l’attente de voir si à la fin le gouverneur prendra la bonne décision, en tout cas celle qu’on espère selon nos convictions. Qu’on soit pour ou contre la peine capitale, cette lecture fait réfléchir tant elle est documentée et sans parti pris nous dresse un portrait glaçant de cette fameuse punition suprême.
La particularité de ce roman tient aussi au personnage d’Ed0451 ce condamné à mort pour cinq crimes horribles qui ont secoué l’opinion publique. Ed0451 n’a pas toujours été un vilain monsieur, un petit voyou qui depuis son plus jeune âge agissait mal. Bien au contraire, il était un homme bien, marié, aimant sa femme et c’est extrêmement intéressant de voir comment la vie, ce qu’il a vu, ce qu’il a vécu, toutes ces choses qui ont jalonné sa vie d’homme ont pu le pousser à franchir la ligne, à passer du côté obscur et à basculer dans le crime.
J’ai tout aimé dans ce roman du début à la fin tant pour l’histoire prenante que pour la réflexion fine et pertinente qu’il nous offre. L’auteure a parfaitement su me faire rentrer dans l’histoire et j’ai beaucoup aimé l’analyse en profondeur qu’elle nous donne sur ses personnages.
La peine du bourreau est donc un très bon roman noir, dur, oppressant et addictif dont je vous recommande fortement la lecture.
Je remercie vivement les éditions Taurnada pour leur confiance