COUP DE COEUR·LITTERATURE CONTEMPORAINE

Le soleil des Scorta – Laurent Gaudé

Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé paru en 2004 aux éditions Actes Sud

Résumé

Parce qu’un viol a fondé leur lignée, les Scorta sont nés dans l’opprobre. A Montepuccio, leur petit village d’Italie du sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait vœu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec ce qu’ils appellent “l’argent de New York”, leur richesse est aussi immatérielle qu’une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie. Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela – dont la voix se noue ici à la chronique objective des événements – confie à son contemporain, l’ancien curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer.
Roman solaire, profondément humaniste, le nouveau livre de Laurent Gaudé met en scène, de 1870 à nos jours, l’existence de cette famille des Pouilles à laquelle chaque génération, chaque individualité, tente d’apporter, au gré de son propre destin, la fierté d’être un Scorta, et la révélation du bonheur.

Mon avis :

Le soleil des Scorta est le troisième roman de Laurent Gaudé pour lequel il a reçu le prix Goncourt en 2004. Il est traduit dans trente quatre pays.

Le soleil des Scorta met à l’honneur tant un pays, l’Italie, qu’une famille, les Scorta. De 1870 à nos jours, l’auteur retrace le parcours de cette famille pour qui tout n’avait pas commencé sous les meilleurs auspices mais qui fera preuve d’énormément de courage et de volonté.
Tout se déroule à Montepuccio, un petit village au Sud de l’Italie où Rocco, le premier des Scorta commença sa vie bien difficilement. Né d’un viol il réussira à retourner la situation à son avantage en bâtissant sa fortune par le crime et les vols mais décidera à sa mort de tout léguer à l’église afin que sa famille connaisse le prix de la sueur. On va ensuite suivre la vie de ses 3 enfants, Carmela, Giuseppe, Domenico, laissés dans la misère et qui devront se battre pour s’en sortir. Il y aura aussi Raffaele, un de leurs plus proches amis qui deviendra un Scorta par choix.

C’est une histoire de famille. « Chaque génération essaie. Construire quelque chose. Consolider ce qu’on possède. Ou l’agrandir. Prendre soin des siens. Chacun essaie de faire au mieux. Il n’y a rien d’autre à faire que d’essayer ». La famille est vraiment le pilier de cette histoire. On suit tous les personnages très attachants qui devront affronter la vie. Chacun aura sa croix à porter. Ils sont très attachés à leur village. « Nous l’aimons trop, cette terre. Elle n’offre rien, elle est plus pauvre que nous, mais lorsque le soleil la chauffe, aucun d’entre nous ne peut la quitter. Nous sommes nés du soleil…sa chaleur, nous l’avons en nous ». On vit avec eux les joies, les peines, les bons moments, les drames jusqu’à la fin de leur vie.

Glissés parmi le déroulement de cette vie, des chapitres écrits en italique où de la bouche de Carmela qui se confesse au Curé de la paroisse, sortent des morceaux de son histoire qui donnent un éclairage nouveau à certains passages.

Porté par une plume envoûtante, douce et poétique, très immersive, Laurent Gaudé nous emmène au pays des olives, sous un soleil de plomb dans une famille simple, touchante, aux fortes valeurs de travail et de persévérance car « quand tu te bats pour quelque chose, quand tu travailles jour et nuit comme un damné, quand tu sues pour construire ce que tu désires, tu vis les plus beaux moments de ta vie ». Il en profite également pour évoquer certains thèmes de l’histoire, la guerre, l’immigration en provenance de l’Albanie.

J’ai adoré passer, en quelques heures de lecture, toutes ces années aux côtés des Scorta, tous aussi attachants les uns que les autres. C’est un véritable coup de cœur tant pour la plume de l’auteur que pour l’histoire en elle-même. Une magnifique fresque familiale qui m’a emportée dès les premières lignes et tout comme les Scorta, je n’ai pas pu quitter le village de Montepuccio avant le point final.

COUP DE COEUR·HISTORIQUE

La plantation – Leila Meacham

La plantation – Leila Meacham paru aux éditions Charleston le 18 avril 2014
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Elisabeth Luc
528 pages – 22,50 euros

Résumé :

Caroline du Sud, 1835. Privé de son héritage, Silas Toliver veut partir avec sa bien-aimée Lettie vers un nouveau territoire portant le nom de Texas pour y établir sa plantation. Sans argent, il ne peut réaliser son rêve. Fille d’un riche propriétaire terrien, Jessica Wyndham a caché un esclave fugitif. Pour laver l’honneur de sa famille, son père propose un marché à Silas : il financera son expédition vers l’Ouest s’il accepte d’épouser Jessica, et de partir avec elle.

Mon avis :

Leila Meacham a connu un énorme succès avec Les Roses de Somerset, son premier roman. Publié dans vingt-cinq pays, il a été un best-seller du New York Times. Quand est venu le temps de nous offrir un second roman, elle a choisi de raconter comment les familles découvertes dans Les roses de Somerset étaient arrivés au Texas. Ainsi est né La Plantation, une fresque familiale époustouflante, passionnante qui emporte dès les premières pages.

On y découvre Silas, le cadet d’une famille de Caroline du Sud qui rève d’une plantation de coton dont il a déjà imaginé les moindres détails. Déshérité par son père qui a choisi de léguer le domaine familial à son frère aîné, il n’imagine pas rester et veut absolument offrir une vie meilleure à sa fiancée, la belle Lettie. On y découvre aussi Jessica Wyndham, une jeune fille de bonne famille qui défend férocement la cause des esclaves, jetant la honte sur sa famille. Pour sauver l’honneur de sa famille, son père décide de la faire partir. Il manigance la déchéance de Silas qui se retrouve contraint d’épouser Jessica pour pouvoir accomplir son rêve. C’est ainsi qu’avec son meilleur ami Jérémy Warwick, Silas Toliver et sa nouvelle épouse partent avec d’autres familles vers le Texas.

Ce voyage sera le début d’une aventure bouleversante et forte en émotions tant pour les personnages tous aussi attachants les uns que les autres que pour le lecteur qui suivra leurs vies jusqu’en 1900 et vivra avec eux l’amour, la haine, les tragédies, le bonheur, la guerre, les espoirs et bien des bouleversements marquants de cette époque. De l’arrivée sur la terre promise, on suivra avec eux la naissance de la petite ville qu’ils fondent Howbutker, son développement et sa résistance face aux évènements. C’est très prenant, l’écriture fluide et les chapitres courts donnent un rythme soutenu à cette lecture, on n’a absolument pas envie de quitter Silas et Jessica, on veut voir comment leurs relations vont évoluer, ce qu’ils vont faire de leur vie. Il n’y a aucune longueur et l’auteure arrive parfaitement à garder l’attention du lecteur. C’est un vrai plaisir.

Le contexte historique est très bien travaillé, l’auteur a dépeint avec beaucoup de réalisme la vie de l’époque. On est vraiment plongé au coeur de la ségrégation, à cette époque où les noirs n’avaient aucun droit et étaient considérés comme des objets appartenant à leurs maîtres. Les relations entre les maîtres et leurs esclaves est habilement décrite par l’auteur qui nous montre bien les différents comportements ; entre les esclavagistes féroces, les maîtres respectueux des traditions mais plus modérés et les fervents défenseurs des droits des esclaves, l’auteur dresse le portrait assez concret de la société de cette époque. On y découvre aussi le fonctionnement du Chemin de fer clandestin et les conséquences pour ceux qui y participent. Au fil des pages et des années qui s’écoulent, on vit aussi la montée en puissance du conflit Nord Sud jusqu’à ce qu’arrive inéluctablement la guerre et ses tristes conséquences. L’auteure arrive à maintenir un très juste équilibre entre Histoire et histoire et c’est très agréable de pouvoir être plongé dans une histoire captivante, intéressante et instructive.

J’ai adoré cette lecture qui a su combler toutes mes attentes de lectrice : une histoire forte, pleine d’émotions, au dynamisme constant et dont il est impossible de sortir avant la fin. J’ai maintenant hâte de pouvoir lire Les roses de Somerset.

COUP DE COEUR·LITTERATURE CONTEMPORAINE

Les corps conjugaux de Sophie De Baere

paru le 22.01.2020 aux éditions JC Lattès

Quatrième de couverture :

Fille d’immigrés italiens, Alice Callandri consacre son enfance et son adolescence à prendre la pose pour des catalogues publicitaires et à défiler lors de concours de beauté. Mais, à dix-huit ans, elle part étudier à Paris. Elle y rencontre Jean. Ils s’aiment intensément, fondent une famille, se marient. Pourtant, quelques jours après la cérémonie, Alice disparaît. Les années passent mais pas les questions. Qu’est-elle devenue ? Pourquoi Alice a-t-elle abandonné son bonheur parfait, son immense amour, sa fille de dix ans ?

Mon avis :

Oh my god ce roman !!!! Les corps conjugaux de Sophie de Baere est un double coup de coeur ♥️♥️♥️♥️♥️.

Tout d’abord pour l’histoire d’Alizia dite Alice, une histoire éprouvante, émouvante, captivante, dure qui remue et qu’on dévore avec frénésie.

La vie d’Alice n’a pas commencé sous les jours les plus roses. Entre un frère handicapé, une soeur effacée, elle est le rayon de soleil de sa mère qui la traîne de casting en casting pour montrer au monde la beauté de sa fille et en lui assénant qu’elle ne peut compter que sur sa beauté.

Toute son adolescence et jusqu’à ce qu’elle quitte son village, Alice se « contente de cultiver ce mythe misérable, cette gloire kleenex de la fille facile. D’une beauté écervelée qui va au plus offrant ou au plus populaire. Pourvu que ça lui serve. Pourvu qu’elle séduise, qu’elle maîtrise et qu’elle ait l’illusion de régner quelques instants »

Elle part à Paris et alors « L’Italienne de la rue du lavoir, la Miss locale, la fille des catalogues d’Euromarché, la débauchée : ici, elles n’existent pas« . En Normandie, Alice pensait ne pas mériter de voir son existence réduite à sa beauté mais à Paris, sur les Champs-Élysées, elle « n’existe pour personne. La starlette locale a cédé la place à une vulgaire employée pendulaire »

Quand elle rencontre Jean, sa vie bascule dans le bonheur.

« Peaux de glaise et bouches de rosée, nous sommes comme deux eaux qui dansent. Tout doucement, nos rives se rejoignent et le courant pousse nos lèvres l’une contre l’autre. Durant quelques instants, nos poitrines collées entremêlent nos côtes en une seule et même onde. Étendue et profonde »

« Jean lave mes tourments et il devient celui que j’attendais. Le père, le frère, l’ami, l’amant, l’époux. L’homme qui veillera toujours sur moi. Il ne sera jamais la lueur hésitante, je sais déjà qu’il sera mon avenir. Partout. Tout le temps. Dans les endroits hostiles comme en bordure des noirs silences »

« Jean m’édifie une bâtisse éternelle. Un destin de femme aimée jusqu’à son dernier soupir »

Et la cerise sur le gâteau, « la venue au monde de Charlotte. Soudain l’amour total. Sa récolte. Le dénouement prodigue de deux années intenses et le commencement de toute une vie à trois »

Elle est heureuse, Alice, elle aime sa vie, son compagnon, sa fille et tout ce bonheur sera consacré par le mariage. Elle « ne sait pas encore que, quelques jours après son mariage, elle quittera sa belle vie »

Et là, la première claque, l’évènement qui pousse Alice, du jour au lendemain, à quitter son mari et sa petite fille et si le lecteur sait pourquoi elle a fait ça, Jean, le mari et Charlotte, la petite fille, sont dans l’ignorance la plus totale des motivations qui ont conduit Alice à les abandonner. C’est une véritable torture de voir les conséquences ce terrible choix, tant pour Alice que pour ceux qu’elle a laissés derrière elle. Des claques émotionnelles on en prend, on tourne les pages, encore et encore avec l’espoir d’une fin heureuse, nos sentiments sont mis à rude épreuve et les émotions sont très fortes.

Ce roman c’est aussi un énorme coup de coeur pour la plume de l’auteure, une écriture sublime, poétique, chaque phrase, chaque description est un moment magique, la beauté des mots et la façon dont l’auteure les assemble est un pur moment de bonheur livresque.

❤️❤️❤️❤️❤️.

COUP DE COEUR·LITTERATURE CONTEMPORAINE

Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa

paru le 12.02.2020 aux éditions Le livre de poche

Quatrième de couverture :

Petitesannonces.fr : Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.
Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence.
Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.

Mon avis :

Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa est un énorme COUP DE COEUR.

Avec ce roman, l’auteur a su combler toutes mes attentes de lectrice pour faire de cette lecture un merveilleux moment.

Avec un style fluide, l’auteur nous offre une très belle histoire, emprunte d’une petite pointe de mystère portée par le personnage de Joanne, cette jeune femme plutôt terne et peu causante qui a répondu à l’annonce d’Émile. Alors qu’on connait les raisons qui poussent Émile à partir, on ignore tout de ce qui a poussé Joanne à vouloir elle aussi tout quitter et partir à l’aventure dans un camping car avec un inconnu pour son dernier voyage.

Ces deux là n’ont a priori rien en commun et on a du mal, après les premières pages à voir comment ils vont pouvoir cohabiter pendant 830 pages…et puis finalement chacun apporte quelque chose à l’autre, ils se dévoilent et il est alors impossible de les quitter jusqu’à la fin que j’ai adorée parce que c’est celle que j’espérais de tout mon coeur.

Ce roman est aussi fort éprouvant en ce qu’il nous plonge au coeur de ce que vivent les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et leurs proches et le courage qu’il faut avoir pour appréhender cette maladie et ses conséquences.

Ce roman est une pépite, un hymne à la vie qu’on s’est choisie où le maître mot est de vivre pleinement chaque instant et d’apprécier chaque petit bonheur que vous offre la vie.

J’ai adoré suivre Joanne et Émile dans leur voyage et je ne peux que vous conseiller de prendre la route avec eux, vous ferez un un très beau voyage livresque.

❤️❤️❤️❤️❤️

COUP DE COEUR·LITTERATURE CONTEMPORAINE

#La Mère Coupable – Caroline Fourment

la mere coupable

Un véritable coup de coeur !!!!

Roman de 165 pages publié par les éditions Mazarine en mai 2017, ce roman vous procurera un pur moment de bonheur livresque.

Caroline Fourment est la créatrice du blog La mère coupable. Ses citations sur les réseaux sociaux ont fait le tour du monde et elle a été lauréate en 2016 du Prix littéraire écrire au féminin. Le succès de son roman est largement mérité.

De quoi ça parle :

La Mère coupable, c’est cet individu qui peut dans le même temps râler et faire des bisous, crier « Va dans ta chambre ! » et susurrer « Viens faire un câlin à Maman », qui hurle à mort quand l’ado fait couler l’eau trop longtemps, mais qui laisse la petite lumière allumée toute la nuit pour rassurer le petit dernier…
La Mère coupable, c’est vous, cette maman pleine de paradoxes inexplicables, qui tente de mener sa vie comme elle l’entend pour tordre le cou à la mère parfaite. Ajoutez-y un soupçon de crise de la quarantaine, quelques kilos en trop, un mari aimant mais souvent absent, un ex-petit ami qui refait surface, et une chanson d’amour des années 1980 qui vient interrompre la bande-son du quotidien de cette mère de famille perdue dans sa routine.
Sans jamais donner de leçon, l’auteure qui se cache derrière ce pseudo depuis la création de son blog croque avec humour et bienveillance la vie de famille #ensirotantunverredemojitopardi !

C’est clairement la lecture de ce résumé qui m’a convaincue de tenter cette lecture tant je me suis vue dans ce résumé. Et je n’ai pas été déçue, bien au contraire. C’est drôle, pertinent, on se dit que l’auteur s’est caché quelque part derrière nous et raconte notre vie tellement ce qu’on lit colle à notre vie. Des enfants qui ne jurent que par leur Maman, un papa qui ne sait jamais où sont rangées les choses, au point qu’on se demande s’il vit vraiment dans cette maison, toutes ses anecdotes qui font qu’on a l’impression de lire sa propre vie racontée par une autre.

Mais ce n’est pas que cela. derrière le côté drôle des citations se cache une véritable histoire de maman et une véritable réflexion profonde sur la considération de la femme une fois qu’elle est devenue maman. Comment concilier vie de femme, d’épouse et de mère.

C’est bien écrit, ça se lit tout seul et ça vous colle la banane pour ma journée!!!

Bref, j’ai adoré cette lecture que je vous recommande chaudement.

J’ai appris que le tome 2 va sortir en mars prochain et autant vous dire que je vais me précipiter pour retrouver cette ambiance et ce ton très plaisants à lire.

 

COUP DE COEUR·LITTERATURE CONTEMPORAINE

Chanson douce – Leïla Slimani

chanson douce

Un coup de coeur !!

Roman de 240 pages publié par les éditions Gallimard en août 2016.

GRAND PRIX DES LECTRICES DE «ELLE» 2017
GRAND PRIX DES LYCÉENNES DE «ELLE» 2017
PRIX GONCOURT 2016

J’avais dit que plus jamais je ne lirai de Prix Goncourt après Les bienveillantes !!! Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis hein. Je ne lis quasi jamais de romans des éditions Gallimard car je n’aime pas ces couvertures toutes simples qui n’attirent jamais mon regard. Et pourtant celui-là je l’ai pris. Ah oui mais c’est parce qu’il avait une marguerite, le signe de reconnaissance des bons romans apposé par le club de lecture de la médiathèque de chez moi (et auquel j’appartiens). Et grand bien m’en a pris.

De quoi ça parle:

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu’au drame.
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c’est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l’amour et de l’éducation, des rapports de domination et d’argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.

Ce roman est à lire absolument mais si vous êtes une jeune maman qui laisse ses enfants à une nounou pour aller travailler, peut être vaut-il mieux attendre que les petits aillent à l’école, je dis ça je dis rien hein.

C’est un roman qui vous attrape dès le départ et le piège se referme sur vous. La construction est très maligne. Ce roman commence par un drame dès le 1er chapitre. Et la question est de savoir comment ? pourquoi? Alors comme dans les très bon films qui, après une scène horrible visant le héro, vous replongent 24 heures avant, l’auteur ici agit de la même manière. Elle remonte au commencement, quand Myriam, jeune maman en congé parental n’en peut plus de rester à la maison « à ne rien faire » qu’à s’occuper de ses 2 enfants, quand elle décide de reprendre le travail et quand elle et son mari doivent recourir aux services d’une nounou.  Et quand Louise apparaît dans leur vie.

« La nounou est comme ces silhouettes qui, au théâtre, déplacent dans le noir le décor sur la scène« . « Louise s’agite en coulisses, discrète et puissante. C’est elle qui tient les fils transparents sans lesquels la magie ne peut pas advenir. Elle est Vishnou divinité nourricière jalouse et protectrice. Elle est la louve à la mamelle de qui ils viennent boire, la source infaillible de leur bonheur familial« . C’est toute la relation parents-employeurs/ nounou-employé que l’auteur décrit admirablement bien, cette relation ambiguë où la frontière entre employeur/employé peut parfois finir par s’estomper. « Ce n’est jamais clairement dit , ils n’en parlent pas, mais Louise construit patiemment son nid au milieu de l’appartement« .

Les chapitres sont cours, l’écriture est simple mais incisive et très plaisante à lire. Les témoignages de personnes extérieures au milieu viennent accentuer l’angoisse du lecteur, son besoin de savoir ce qui s’est réellement passé.

La fin m’a un peu « déçue » parce que j’aurai aimé en savoir encore un peu plus et que mon imagination avait grandement travaillé pour me faire espérer quelque chose qui ne s’est pas produit. En tous cas cette lecture fût un réel moment de pur bonheur livresque !