LITTERATURE CONTEMPORAINE·PREMIER ROMAN

Le passeur – Stéphanie Coste

Le passeur de Stéphanie Coste paru aux éditions Gallimard le 7.01.2021 – 136 pages

J’aime beaucoup lire sur les histoires des migrants, ces hommes et ses femmes qui mettent leur vie en danger pour espérer avoir une vie meilleure dans un autre pays en prenant d’énormes risques pour essayer d’atteindre leur rêve. Tout ce que j’avais lu jusqu’alors, c’était du point de vue des migrants. Avec Le passeur, c’est du point de vue de celui qui « aide » les migrants à accomplir leur rêve qu’on se place. Oui mais voilà, Le passeur n’est pas un gentil dans l’histoire.

J’ai fait de l’espoir mon fonds de commerce .Tant qu’il y aura des désespérés, ma plage verra débarquer des poules aux œufs d’or. Des poules assez débiles pour rêver de jours meilleurs sur la rive d’en face

Seymoun, le plus puissant passeur de migrants de la côte libyenne vers Lampedusa, est un homme détestable, dépourvu de toute humanité, qui ne voit ces hommes, ces femmes et même ces bébés, qui, au péril de leur vie, tentent le voyage vers un monde qu’ils espèrent meilleur, que comme des marchandises à convoyer. C’est une lecture difficile car criante de réalise et de vérité.

A la veille d’une énième traversée, « la cargaison » c’est-à-dire le groupe de migrants qui se présente va perturber Seymoun et faire remonter des souvenirs de son passé. Le lecteur découvre alors tout ce qu’a vécu Seymoun et cela apporte un peu de lumière à cet homme si sombre, froid et inhumain.

la résilience finit par capituler sous le poids des chagrins

J’ai eu beaucoup de mal, émotionnellement, au début avec la personnalité de Seymoun, cette inhumanité, cette façon de traiter ses compatriotes, de rester complètement insensible, dénué de toute empathie. Et puis, quand on découvre ce qu’il a vécu avant, page après page, on se surprend à éprouver nous même un peu d’émotion positive pour cet homme que la vie n’a pas épargné.

On se dit Dieu va me donner du répit, des forces, du sursis. Puis on se demande à quel moment Dieu a enfilé les habits du Diable, et ses chaussures pour nous piétiner avec ?

C’est une histoire marquante, forte en émotions qui décrit de façon directe et très réaliste ce que vivent les migrants mais d’un point de vue totalement différent de ce qu’on lit habituellement sur le sujet. C’est une lecture que j’ai énormément aimée. L’autrice a une plume précise et directe qui donne toute sa force à cette histoire et est très agréable à lire. Je ne m’attendais pas à ressentir autant d’émotions différentes pendant cette lecture que j’ai terminée complètement scotchée.

Ce roman a été une très belle découverte pour moi et je vous recommande vivement de lire à votre tour cette histoire.

LITTERATURE CONTEMPORAINE·PREMIER ROMAN

La librairie de Téhéran – Marjan Kamali

La librairie de Téhéran de Marjan Kamali paru chez Hauteville le 18 août 2021 – 384 pages

La littérature du Moyen-Orient est un thème de lecture qui me plaît énormément depuis que j’ai dévoré tous les romans de Khaled Hosseini. Quand je suis tombée sur ce roman La librairie de Téhéran de Marjan Kamali paru aux éditions Hauteville pour le rentrée littéraire de septembre, je n’ai pas résisté à découvrir une autrice que je ne connaissais pas. Il s’agit d’un premier roman et si le résumé m’a bien plu, la lecture a été quelque peu perturbante. Au début de ma lecture j’ai été assez déçue de la façon dont se déroulait l’histoire et il m’a fallu attendre la dernière partie du roman pour apprécier pleinement cette histoire.

On suit Roja en 2013 qui va retrouver Bashman, son amour de jeunesse dans sa maison de retraite et enfin découvrir pourquoi il l’a abandonnée 60 ans plus tôt alors qu’ils avaient prévu de se marier. Ce jeune activiste politique, bien décidé à changer le monde qu’elle avait rencontré à La librairie de Téhéran, avec qui elle avait noué une relation amoureuse dans un pays mouvementé et qui n’a pas tenu sa promesse, l’épouser.

Après l’ouverture du roman où Roya, septuagénaire, mariée à Walter, se rend dans cette fameuse maison de retraite pour y retrouver Bahman, on bascule en 1953 au moment où Roya a rencontré Bahman dans cette librairie tenue par un homme charmant qui offrait la possibilité aux jeunes de découvrir tant des romans du pays que des romans étrangers. L’histoire qui se déroule alors sous nos yeux est assez sympa, la rencontre entre Roya et Bahman, l’amour qui nait entre eux jusqu’à vouloir se marier, la façon dont leurs parents respectifs voient les choses différemment, les relations tendues entre Roya et sa future belle-mère le tout sur fond de contexte politique instable dans lequel Bahman joue un jeu dangereux, tout cela se lit bien mais reste assez plat et trop lisse. Quand arrive le moment où Bahman n’est pas au rendez-vous et que Roya voit sa vie basculer, il n’y a aucune surprise puisqu’on sait dès le départ que nos deux amoureux ne sont plus ensemble. Cela m’a enlevé un peu de piment à cette longue partie où on découvre la naissance de leur amour car on sait qu’ils ne se marieront pas. J’ai donc trouvé cette première moitié de roman assez décevante, trop longue et manquant de dynamisme, d’autant plus qu’on devine assez facilement ce qui s’est passé et qu’on attend de voir comment l’autrice va amener le reste de l’histoire.

On bascule ensuite dans la vie qu’a eu Roya après cet évènement, son départ pour les Etats-Unis, la façon dont elle rencontre Walter et leur vie et si l’émotion était au rendez-vous à certains moments ce n’était pas non plus transcendant.

La dernière partie, celle où pointent les révélations et explications, de façon progressive et de plus en plus émouvante au fil des pages a, heureusement, relevé cette lecture. J’ai beaucoup aimé cette second moitié que j’ai trouvé beaucoup plus riche et profonde dans le traitement des personnages et de leurs comportements qui donnent un éclairage nouveau sur la lecture. Et la fin a été largement à la hauteur et a fait basculer cette lecture de « mouais » à « chouette ».

C’est donc une lecture qui s’est révélée être une bonne lecture au final pour un premier roman qu’il faut, à mon sens, découvrir sans en attendre trop. C’est une belle histoire d’amour, agréable et facile à lire.

COUP DE COEUR·LITTERATURE CONTEMPORAINE

Les lendemains – Melissa Da Costa

Le lendemains de Mélissa Da Costa paru chez Albin Michel le 26.02.2020 et disponible chez Le livre de poche depuis le 3.02.2021 – 352 pages

Résumé :

Ce que la vie prend, elle le redonne aussi.

Amande ne pensait pas que l’on pouvait avoir si mal. En se réfugiant dans une maison isolée en Auvergne pour vivre pleinement son chagrin, elle tombe par hasard sur les calendriers horticoles de l’ancienne propriétaire des lieux. Guidée par les annotations manuscrites de Madame Hugues, Amande s’attelle à redonner vie au vieux jardin abandonné. Au fil des saisons, elle va puiser dans ce contact avec la terre la force de renaître et de s’ouvrir à des rencontres uniques. Et chaque lendemain redevient une promesse d’avenir.

Mon avis ;

L »année dernière, j’avais découvert cette autrice avec Tout le bleu du ciel et cette lecture avait été merveilleuse. Les lendemains son second roman venait de sortir en grand format et même si j’avais très envie de le lire, ma maniaquerie des mêmes formats m’avait poussée à attendre la sortie en poche….mais ne voyant rien venir, quand je suis tombée il y a peu de temps sur le grand format d’occasion, j’ai craqué. Et j’ai profité de sa sortie, en ce mois de février, chez Le livre de poche, pour le sortir de la PAL. Et une nouvelle fois cette lecture a été merveilleuse.

Cette autrice est exceptionnellement douée pour faire passer les émotions dans sa plume et dans ses histoires qui peuvent paraître « simples » mais qui en fait sont très profondes. Ici il est question du deuil et de la façon dont chacun le vit.
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Amande a vécu un drame qui l’a anéantie et qui l’a poussée à tout quitter pour s’isoler dans une vieille maison loin de tout en pleine nature et laisser libre cours à son chagrin.

« Il n’y a plus d’heures. Il n’y a plus de dates. Désormais, il n’existe que des prochainement, des plus tard. Plus de jours, plus de nuit non plus. Juste moi dans cette maison silencieuse et mon chagrin ».

On est page 19 et autant vous dire j’étais déjà embarquée, attachée à Amande et triste pour elle. Et puis cette vie toute simple qui défile jour après jour, petit pas par petit pas, en cultivant ce jardin en friche pour lui redonner sa beauté d’antan saura-t-elle sauver Amande, la faire reprendre goût à la vie?
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J’ai adoré cette histoire, suivre Amande dans son cheminement, se laisser apprivoiser par un chat, faire des tartes aux pommes, des choses toutes simples mais qui m’ont énormément plu. On ne s’ennuie jamais, c’est un vrai bonheur de vivre avec Amande au milieu de la nature et d’espérer pour elle un avenir plus apaisé et une renaissance, un monde fait à nouveau de beaux lendemains.
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Tout en douceur, avec une plume magnifique, fluide et très porteuse d’émotions, l’autrice nous emmène en pleine nature au milieu des fleurs et des arbres où il est question de  » faire renaître la vie sur une terre stérile et depuis longtemps abandonnée « . Et c’était superbe.
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J’ai été conquise par cette lecture et je vous conseille vivement de partir à votre tour avec Amande dans sa maison au fin fond de la campagne. Vous ne serez pas déçus par le voyage.

LITTERATURE CONTEMPORAINE·PREMIER ROMAN

Canyons – Samuel Western

Canyons de Samuel Western paru chez Gallmeister le 6.06.2019 – 224 pages – traduction Juliane Nivelt

Résumé:

Idaho, 1970. Ward, sa petite amie Gwen, et Eric, le frère jumeau de cette dernière, partent chasser sous un ciel d’azur. La vie semble sourire à ces trois jeunes gens insouciants à peine sortis de l’adolescence. Mais par un coup cruel du destin, Ward tue accidentellement Gwen et anéantit ainsi à tout jamais leur avenir. Vingt-cinq ans plus tard, Ward, abîmé par l’alcool et hanté par le passé, recroise la route d’Eric. Sa rage intérieure a consumé son talent de musicien et fait le vide autour de lui. Le moment est désormais venu pour chacun d’affronter ses démons, et Ward invite Eric à une partie de chasse dans son ranch au pied des Bighorn Mountains. Les deux hommes se préparent alors à une nouvelle expédition : Ward espère y trouver sa rédemption, Eric sa vengeance.

Mon avis :

Tout commence par un terrible accident de chasse, terrible car tellement stupide…un fusil dans une main, chargé, un doigt qui appuie accidentellement, bêtement sur la détente, et malheureusement la tête de Gwen dans la ligne de mire. Voilà ce qui est arrivé lorsque Gwen, son frère jumeau Éric et son petit ami Ward étaient tous les trois, pour la dernière fois…de la vie de Gwen.
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Ce drame a eu un impact considérable sur la vie d’Éric, musicien talentueux qui a sombré. Ward ne s’en est guère mieux sorti même s’il s’est marié et a eu des enfants, son acte dramatique est resté dans ses pensées. Quand les 2 hommes se retrouvent 25 ans plus tard et décident de partir ensemble pour une chasse au cerf, que va-t-il se passer?
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J’ai globalement bien aimé cette lecture où on voit évoluer les sentiments des 2 hommes, cette histoire où la nature joue aussi un rôle. Entre vouloir tuer et pouvoir passer à l’acte il y a une différence. Cette expédition à la chasse au cerf est une occasion pour les 2 hommes de se retrouver, de s’expliquer et comme ils n’ont pas le même but, ce périple est source de tension.
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Cela étant je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages, si au début Eric m’a touchée, ce sentiment a été trop fugace et au final je suis ressortie de ma lecture assez mitigée dans mes sentiments. J’ai bien aimé mais j’ai trouvé que ça restait assez superficiel. Il m’a manqué un petit quelque chose pour faire de cette histoire une excellente lecture. Elle restera dans mes souvenirs une lecture sympathique mais sans plus.

COUP DE COEUR·HISTORIQUE·LITTERATURE CONTEMPORAINE·PREMIER ROMAN

L’hiver de Solveig – Reine Andrieu

L’hiver de Solveig de Reine Andrieu chez Préludes le 10.02.2021 – 448 pages

Résumé :

Été 1940. Dans la France occupée par les Allemands, les habitants sont contraints de donner gîte et couvert à l’ennemi. À Lignon, paisible bourg du Bordelais, les Lenoir, une famille de notables, doivent héberger Günter Kohler. Passée sa répulsion première, Noémie, la jeune épouse, éprouve une violente attirance pour l’adjudant qui vit désormais sous leur toit.
Printemps 1946. La guerre est terminée, mais elle a laissé derrière elle son lot de malheurs, et de nombreux déplacés. Parmi eux, une fillette, retrouvée assise sur un banc, dans un village non loin de Bordeaux. Qui est-elle ? d’où vient-elle ? et pourquoi semble-t-elle avoir tout oublié ? Justin, un gendarme de vingt-quatre ans, décide de la prendre sous son aile et de percer le mystère qui l’entoure.

Mon avis :

Ce roman il m’avait tapé dans l’œil dès que la maison d’édition en avait parlé sur Instagram en novembre dernier et j’attendais février avec impatience pour découvrir cette histoire sur un de mes thèmes préférés de lecture. Alors quand la maison d’édition me l’a proposé en service presse, c’était à nouveau Noël pour moi. Et je n’ai du tout été déçue après sa lecture.

Alternant des périodes pas si éloignées et les personnages, l’autrice nous offre une magnifique histoire, prenante et passionnante sur la seconde guerre mondiale.
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La parole est donnée à chaque personnage et c’est très agréable d’avoir les pensées de chacun des protagonistes. On se retrouve pris dans une intrigue savamment orchestrée où la tension s’amplifie au fil des pages et de l’écoulement du temps qui fait se rapprocher les deux « périodes » principales de cette histoire.
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L’aspect historique est très bien mené, on est vraiment immergés dans cette horrible période, on vit avec les personnages les événements qui se déroulent, on tremble avec eux car on sait qu’il va se passer quelque chose de dramatique mais dont on ignore encore tout.
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J’adore ce genre de romans où on est plongés au milieu d’une énigme, où on cherche nous-mêmes à trouver la solution et où on tourne chaque page avec frénésie parce que l’histoire est palpitante, parce que plus on avance plus on se rapproche du dénouement.
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Porté par une très belle plume, très agréable à lire, offrant une intrigue riche, dense et passionnante, ce roman se dévore d’une traite. Le commencer c’est accepter de ne pas pouvoir le lâcher avant la fin tant les personnages sont attachants.
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J’ai vraiment adoré cette lecture, c’est un coup de cœur que je vous recommande vivement de découvrir dès le 10 février 2021 en librairie.

Je remercie Maud des éditions Préludes de m’avoir envoyé ce roman dont j’attendais la parution avec impatience.

HISTORIQUE·LITTERATURE CONTEMPORAINE

Le vent nous portera – Jojo Moyes

Le vent nous portera de Jojo Moyes paru chez Milady le 16.10.2019 – 608 pages – traduction Nathalie Guillaume

Résumé :

Animée par une soif d’aventures et de grands espaces, Alice s’éprend d’un bel Américain et s’empresse d’accepter sa demande en mariage, laissant derrière elle son Angleterre poussiéreuse. Mais le rêve américain est mis à rude épreuve au cours de la Grande Dépression dans la petite ville du Kentucky où elle atterrit, entre un mari qui s’avère décevant et un beau-père au tempérament ombrageux.Aussi, quand la jeune femme répond à l’appel d’Eleanor Roosevelt pour créer des bibliothèques ambulantes afin de lutter contre l’illettrisme, c’est d’abord pour échapper à son quotidien étouffant. Elle se lie alors d’amitié avec Margery, une femme qui n’a peur de rien ni de personne. Ensemble, elles se jettent à corps perdu dans l’aventure et sillonnent à cheval les montagnes du Kentucky, bravant tous les dangers, pour apporter des livres dans les zones les plus reculées. Mais s’il y a bien une chose dont ces porteuses d’histoires ne manquent pas, c’est de courage. Un roman profondément émouvant sur l’épopée de la culture et l’émancipation féminine.

Mon avis :

Je n’avais jamais lu Jojo Moyes mais j’avais envie de la découvrir. J’avais d’ailleurs acheté récemment Les yeux de sophie à cette fin. Et puis j’ai décidé de tester la box littéraire Kube et c’est ce roman, Le vent nous portera, que le libraire m’a proposé. Après avoir été lire le résumé, j’ai accepté cette proposition et j’ai eu totalement raison car cette première lecture de l’autrice est une très belle réussite.

Alice est une jeune anglaise fraîchement débarquée au milieu d’une petite ville du Kentucky après avoir épousé le fils du directeur de la mine. Le rêve américain est loin d’être au rendez-vous pour cette jeune femme qui cherche l’amour. Son implication dans la mise en place d’une bibliothèque itinérante et sa rencontre avec Margery, une jeune femme indépendante et au fort caractère qui dénote dans le paysage rural vont radicalement bouleverser son univers.

Le contexte historique

« C’est au cours de la grande dépression Etats-Unienne du début des années 1930 succédant au krach boursier (« Jeudi noir ») du 24 octobre 1929 qu’une W.P.A. (« Work Progress Administration ») pilotée par le Président Franklin D. Roosevelt au sein du new Deal vit le jour alors que les mesures sur la Santé et la Sécurité étaient insuffisantes et que les maladies pulmonaires dans une région minière, le Kentucky, faisaient des milliers de victimes. Dans ce plan se dessinait notamment la possibilité pour les hommes de l’État du Kentucky de travailler sur des projets de constructions de bâtiments (écoles, cliniques, parkings, centres communautaires, etc.) mais aussi de routes par exemple. Ces projets requérant une force physique au-delà de la moyenne excluant de fait les femmes, des postes furent donc créés pour elles, notamment dans les hôpitaux, les écoles ou les bibliothèques. Dans le cadre de ces projets d’emplois, le « Pack Horse Library Project » fut mis en place, un service à la personne où des bibliothécaires, surtout des femmes, vont mener des livres ou des magazines à cheval ou à dos de mulet dans les coins les plus reculés du Kentucky de l’est, incluant la région montagneuse, escarpée et difficile d’accès des Appalaches. Ce fut la première véritable expérience de bibliothèque itinérante aux Etats-Unis, destinée à fournir aux citoyens une auto-éducation, d’autant que les bibliothèques étaient à peu près absentes dans l’Etat.  » extrait de l’article « Les « Pack horse librarians » bibliothèques itinérantes, Kentucky, U.S.A., 1936-1943 » – L’hirsute fanzine
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extrait de l’article « Les « Pack horse librarians » bibliothèques itinérantes, Kentucky, U.S.A., 1936-1943 » – L’hirsute fanzine

Le roman :

« Chevaucher jusqu’aux maisons les plus reculées et fournir de quoi lire à ceux qui ne sont pas capables de se rendre aux bibliothèques du comté (…) contribuer au développement de l’éducation, aider à apporter le savoir dans ces endroits où il manque cruellement aujourd’hui (…) ramener la connaissance et l’apprentissage au premier plan dans le monde rural »

Telle était la mission de la bibliothèque itinérante de Baileyville dans laquelle, Alice va s’investir et qui va avoir un impact considérable sur sa vie et la faire évoluer dans son caractère et ses convictions.

L’autrice m’a complètement embarquée dans cette histoire qui se complexifie et devient de plus en plus prenante et émouvante au fil des pages. Les différents thèmes évoqués tels que la place et le rôle des femmes mais également des livres dans la société, la violence et le racisme, sont mêlés de façon très habile par l’autrice qui, à travers une galerie de personnages, très attachants et émouvants pour certains, révoltants et détestables pour d’autres, dresse le portrait d’une époque mouvementée où les femmes ont du faire preuve de beaucoup de courage et de force pour faire changer les mentalités.

J’ai énormément aimé cette histoire qui m’a fait passer un très bon moment de lecture, j’ai savouré les pointes d’humour et de sarcasme, j’ai ressenti beaucoup d’émotions différentes, l’immersion dans l’histoire aux côtés d’Alice et Margery est totale et fort plaisante. Et avec une intrigue pour pimenter le tout d’une pointe de suspense, c’est une réussite pour moi.
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C’était mon premier roman de cette autrice, j’en ai un autre dans ma PAL et bien d’autres vont suivre tellement j’ai aimé la plume de Jojo Moyes et l’histoire qu’elle nous a servie, une belle histoire de femmes fortes et courageuses et dans laquelle les hommes biens sont aussi à l’honneur.
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Bref, une excellente lecture que je vous recommande vivement de découvrir

LITTERATURE CONTEMPORAINE

La constellation du chien – Peter Heller

La constellation du chien de Peter Heller paru chez Actes Sud en mai 2013 – 336 pages – traduction Céline LEROY

Résumé :

Quelque part dans le Colorado, neuf ans après la Fin de Toute Chose, dans le sillage du désastre. L’art de survivre est devenu un sport extrême, un jeu de massacre. Soumis aux circonstances hostiles, Hig, doux rêveur tendance chasse, pêche et poésie chinoise, fait équipe avec Bangley, vieux cow-boy chatouilleux de la gâchette. Une routine de l’enfer.

Bangley défend la baraque comme un camp retranché. Hig “sécurise le périmètre”, à coups de méthodiques vols de surveillance à bord de “la Bête”, solide petit Cessna 182 de 1956 toujours opérationnel. Partage des compétences et respect mutuel acquis à force de se sauver mutuellement la vie, ils ont fini par constituer un vieux couple tout en virilité bourrue et interdépendance pudique. Mais l’homme est ainsi fait que, tant qu’il est en vie, il continue à chercher plus loin, à vouloir connaître la suite.

À la fois captivant roman d’aventures, grand huit des émotions humaines, hymne à la douloureuse beauté de la nature et pure révélation littéraire, La Constellation du Chien est tour à tour contemplatif et haletant, déchirant et hilarant. Peter Heller orchestre son premier roman comme une virée de la dernière chance pleine de surprises, une réflexion sur la création autant que sur la destruction. Lumineuse et rocailleuse, son écriture semble réapprivoiser le monde à travers la reconquête du langage – comme si pour se sauver, l’humain devait avant tout recouvrer l’art de (se) raconter.

Mon avis :

La constellation du chien est un roman que j’avais choisi, en 2014, quand j’avais gagné le concours Myboox qui me permettait de choisir 4 romans par mois pendant un an ( c’est à ce moment là que ma PAL a morflé sévèrement), sur les bons conseils de ma copine Virginie qui tient le blog Fragments de lectures. Je suis contente de l’avoir sorti de ma PAL parce qu’il y était depuis trop longtemps mais cette lecture a été une déception et ne m’a pas embarquée comme je l’aurai souhaité.
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On se trouve en plein Colorado après qu’une épidémie de grippe doublée d’une mystérieuse maladie du sang ait décimé la population. On suit Hig un homme qui survit dans un aéroport déserté et qui fait des rondes à bord d’un petit avion avec son chien. Il a aussi un autre compagnon, Bangley qui l’aide dans ses voyages.
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C’est très contemplatif, il ne se passe malheureusement pas grand chose et je me suis ennuyée pendant les 3/4 de ma lecture. Je m’attendais à quelque chose de plus rythmé avec une réflexion sur la nature humaine qui veut toujours être la plus forte dans toutes les situations. J’attendais des affrontements avec d’autres survivants et s’il y en a quelques uns, cela est resté très succinct. On est plus dans l’introspection du personnage principal, ses partie de chasse et de pêche et ça devient vite redondant et lassant. Les dernières 70 pages sont plus rythmées et intéressantes mais arrivées trop tardivement pour rattraper les 280 premières pages.
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Je n’ai pas adhéré non plus à l’écriture que j’ai trouvé trop hachée, avec des phrases bizarrement construites, et je crois que c’est cette façon de raconter qui a finalement empêché cette histoire de prendre pour moi. Je suis restée complètement extérieure à cette lecture, impossible de me faire le film dans ma tête. Je n’ai ressenti aucune émotion et ai lu les mots sans vraiment m’imprégner de l’histoire dont je ne garderai aucun souvenir d’ici quelques temps. Cette lecture m’a fait penser à La route de Cormac McCarthy que je n’avais pas aimé non plus.
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Un flop pour moi, le premier de l’année.
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Si vous l’avez lu et aimé n’hésitez pas à venir en discuter avec moi, je serai curieuse de voir ce que j’ai pu rater dans cette histoire.

COUP DE COEUR·LITTERATURE CONTEMPORAINE

Les bordes – Aurélie Jeannin

Les bordes d’Aurélie Jeannin paru aux éditions Harper Collins France le 13.01.2020 – 218 pages

Résumé

Les Bordes, c’est un lieu et c’est une famille. En l’occurrence, sa belle-famille qui ne l’aime pas. Elle, Brune, le bouclier. Mère responsable, tenant solidement sur ses deux jambes, un oeil toujours fixé sur le rétroviseur ou l’entrebâillement de la porte, qui guette, anticipe, tente de maîtriser les risques.

Ce week-end, comme chaque année en juin, elle prend la route avec ses deux enfants pour rejoindre Les Bordes et honorer un rituel familial.
Pour celle qui craint chaque seconde l’accident domestique, Les Bordes ressemblent à l’enfer. Trop de jeux extérieurs, trop de recoins, de folles libertés. Trop de silence et de méchancetés à peine contenues. Trop de souvenirs.

Aux Bordes, Brune saura-t-elle esquiver le pire ? Est-il possible pour une mère de protéger ses enfants ?

Mon avis :

Aurélie Jeannin a fait une entrée très remarquée dans la sphère littéraire avec son premier roman Préférer l’hiver que je n’ai pas – encore – lu mais dont je n’ai lu que des avis dithyrambiques. Quand Babelio m’a proposé la découverte de son nouveau roman Les Bordes dans le cadre d’une opération spéciale Masse critique je me suis dit que c’était l’occasion de découvrir la plume de cette autrice. Et quelle découverte !!! Cette lecture a été un ENORMISSIME COUP DE COEUR.

On a toutes en nous quelque chose de Brune.

Brune est Juge d’instruction, son métier consiste à « chercher sans relâche à ce que soient découverts, désignés et condamnés des coupables pour les drames. Mais les accidents n’ont pas de bourreaux à faire monter sur l’échafaud » (…) « les drames peuvent survenir à tout moment. Nul n’est à l’abri, jamais. Nul ne peut compter sur le fait que les tragédies se construisent tranquillement, ont des fondements qui les nourrissent jusqu’à leur éclosion. Il est impossible de se préparer. Le pire n’a besoin de rien d’autre que d’advenir. »
Brune est également mère de deux enfants, Hilde, 8 ans et Garnier, 4 ans. « Elle voulait qu’ils sachent ce qu’il faut faire, qu’ils ne redoutent pas ce qu’ils ignorent. Elle voulait leur apprendre à être imaginatifs, confiants, volontaires. Elle voulait leur transmettre de quoi se débrouiller. Les tutorer sans craindre de les lâcher. Elle voulait être une mère formidable, présente et fantomatique. Là quand il faut. Elle pouvait. Peut-être qu’elle pouvait. C’était sa mission après tout. Une grande, une très grande responsabilité…. La meilleure. Légère, patiente, pédagogue. »
Quand on devient maman, on en prend pour perpétuité… « Même quand ils n’étaient pas là, ils étaient là. Ses enfants étaient nés pour toujours. Ils existaient. Elle ne pourrait plus jamais les soustraire à sa vie ». On rêve toutes d’être la mère « parfaite », de ne jamais faillir dans notre mission. On a porté nos enfants pendant 9 mois mais on les porte en fait toute notre vie, ils occupent nos pensées, on s’inquiète, on a envie qu’ils soient heureux, qu’ils réussissent dans leur vie et qu’au grand jamais il ne leur arrive malheur.

L’autrice nous plonge dans la tête de Brune, dans ses pensées les plus intimes parfois effrayantes. Brune est un condensé de toutes les mères, elle exprime toutes les pensées, même les plus tabous, qui peuvent venir à l’esprit des mamans. On sent bien que Brune est en équilibre précaire sur un fil, comme un funambule, tentant de tout mener à bien, tant sa vie professionnelle que sa vie familiale, assaillie de sombres pensées qui nous font flipper sur ce qui pourrait se passer. On ressent bien que ce weekend aux Bordes va être une épreuve à l’issue incertaine. Entre la haine palpable de ses beaux-parents, l’insolence de sa fille et la passivité du mari, on tremble pour la suite.

La tension qui se distille progressivement est angoissante mais tellement addictive qu’il est impossible de fermer ce roman. On savoure les mots, les phrases courtes qui percutent, sans aucun répit, on s’en prend plein la tête mais qu’est-ce que c’était bon.

L’autrice m’a capturée avec sa plume si belle, son style percutant, fort, je me suis retrouvée dans Brune, certaines de ses pensées faisant écho aux miennes, certaines de ses angoisses étant mes angoisses, je l’ai aimée dès les premières pages et l’accompagner pendant ce weekend dans sa belle-famille a été un pur moment de bonheur livresque. Les émotions ressenties sont intenses et cette lecture restera très longtemps dans mes excellents souvenirs de lecture.

LITTERATURE CONTEMPORAINE

Desperados – Joseph O’Connor

Desperados de Joseph O’Connor par aux éditions Phébus en avril 1998 – 480 pages – traduction Pierrick Masquart et Gérard Meudal

Résumé

Desperados évoque, avec autant de vacherie que de compassion, les illusions d’une jeunesse – celle des années quatre-vingt – qui tend à confondre frime et engagement à travers les tribulations en Amérique Centrale de quelques paumés natifs de Dublin, à qui l’on a raconté que la révolution était une drogue douce. Bref, malentendus en cascade et sur toute la ligne. On rit, et l’on finit par n’être pas très loin de pleurer.

Mon avis :

Cette quatrième de couverture bien que quelque peu mystérieuse m’a convaincue, un jour, d’acheter ce roman dans une bourse aux livres. Et c’est en lisant Ohio de Stephen Markley que je me suis rappelée ce roman et que j’ai eu envie de le sortir de ma PAL. Sauf que cette histoire n’est pas la lecture promise par la quatrième de couverture à la lecture de laquelle on s’attend à suivre des jeunes pleins d’illusions dans un pays en guerre. En tous cas c’était l’idée que je me faisais de cette lecture avant de la commencer. Mais si Desperados a été une lecture bien différente de celle suggérée par la quatrième de couverture, elle n’en a pas moins été une très bonne lecture que j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir.

Managua, Nicaragua, juillet 1985. Les Sandinistes sont au pouvoir depuis 1979, mais se heurtent à l’opposition somoziste, la « contra », soutenue par les Etats-Unis. Franklin et Eleanor des irlandais, divorcés, doivent venir à Managua pour identifier le corps de leur fils Johnny. Franklin et Eleanor doivent de nouveau se côtoyer, malgré les rancœurs qu’ils nourrissent l’un envers l’autre sans que l’on sache vraiment pourquoi…au début…quand le corps du jeune homme se révèle ne pas être leur fils, les deux ex décident de partir à la recherche de leur fils, vivant ou mort, dans une zone où les combats sont les plus violents. Ils sont accompagnés par les amis de leur fils, membres du groupe de musique les Desperados dont Johnny faisait partie. Ils sont tous différents mais réunis dans le camping car Claudette, ils partent à la recherche du fils perdu.
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En parallèle, l’auteur nous raconte comment Franklin et Eleanor se sont connus, comment ils se sont aimés et comment ils ont finis par se séparer.
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C’est émouvant, passionnant, très bien écrit et très agréable à lire. On ne voit pas les pages défiler. L’auteur, à travers l’histoire de Franklin et Eleanor, dissèque la relation amoureuse, les obstacles que la vie met sur la route du bonheur qu’ils s’étaient imaginé. Ce voyage dans un vieux camping car, dans un pays où la chaleur est prédominante, où il vaut mieux boire de l’alcool que de l’eau pour ne pas tomber malade, avec des jeunes aux caractères bien trempés, rebelles et insouciants, sera l’occasion pour Franklin et Eleanor de se parler enfin et de se comprendre.
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La tension monte progressivement au fil des kilomètres qui défilent vers la zone de combat, ce voyage se finira-t-il dans la joie ou dans la douleur?.
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Paru il y a plus de vingt ans, ce roman m’a embarquée avec Claudette et tous ses occupants dans un road trip parfois drôle, souvent émouvant et j’ai adoré ce voyage.
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Si vous tombez dessus en boîte à livres ou en brocante (il est disponible sur quelques sites de livres d’occasion – pour info) , je ne peux que vous conseiller de le prendre, vous ferez un beau voyage livresque et passerez un bon moment de lecture

LITTERATURE CONTEMPORAINE

Un livre de martyrs américains – Joyce Carol Oates

Un livre de martyrs américains de Joyce Carol Oates paru aux éditions Philippe Rey le 5.09.2019 et chez Points le 1.10.2020 – traduction Claude Seban

Résumé :

2 novembre 1999. Luther Dunphy prend la route du Centre des femmes d’une petite ville de l’Ohio et tire sur le Dr Augustus Voorhees, l’un des  » médecins avorteurs  » de l’hôpital. De façon remarquable, Joyce Carol Oates dévoile les mécanismes qui ont mené à cet acte meurtrier et offre le portrait acéré d’une société ébranlée dans ses valeurs profondes. Entre les fœtus avortés, les médecins assassinés ou les  » soldats de Dieu  » condamnés à la peine capitale, qui sont les véritables martyrs ?

Mon avis :

Je m’étais déjà essayée à la lecture des romans de Joyce Carol Oates (Mère disparueFille noire, fille blanchePetite soeur mon amour) sans que cela soit un grand succès. Et pourtant je me suis lancée dans Un livre de martyrs américains, cette pavasse de 860 pages, après avoir lu les avis très positifs des copines sur Instagram. Pour ne pas prendre trop de risque je l’ai emprunté à la bibliothèque mais j’ai tellement aimé cette lecture que je vais m’acheter soit le grand format d’occasion soit la version poche sortie en fin d’année 2020 chez Points.

Un livre de martyrs américains c’est une plongée en profondeur dans un sujet qui, aux Etats-Unis, est au cœur d’une profonde opposition entre les pro et les anti : l’avortement, qui depuis l’arrêt Roe v. Wade de la Cour suprême, en 1973, est considéré par la Justice américaine fédérale comme relevant du droit à la vie privée protégé par le IVe amendement. Chaque Centre de femmes ou clinique pratiquant les avortements est la cible de manifestants pro-vie qui peuvent être parfois très violents, la protection tant des femmes qui veulent s’y rendre que des médecins qui y pratiquent est devenue une nécessité…bref, c’est un sujet très sensible et c’est avec beaucoup d’intelligence, de subtilité que Joyce Carol Oates le traite dans ce roman qui, bien que très dense, se lit assez facilement et sans qu’à aucun moment un quelconque sentiment d’ennui ne vienne ternir cette lecture.

L’autrice décortique admirablement bien tous les aspects de cette guerre qui fait rage entre les deux camps, sans aucun jugement elle nous présente tous les personnages en toute objectivité, et les conséquences que les actes des uns ont eu sur la vie des autres. Comment Luther Dunphy, charpentier, fervent croyant a t-il pu en arriver à commettre l’irréparable en tuant « son prochain »? Comment sa famille, sa femme et ses enfants et aussi la famille et les enfants du médecin assassiné ont-ils vécu après ce drame?

C’est passionnant, remarquablement bien écrit et quelle que soit notre position sur le sujet, c’est une lecture qui fait réfléchir. L’autrice analyse tout en profondeur, la façon dont se déroule le procès et les moyens de défense présentés par les défenseurs de Luther, les conséquences sur les familles des deux côtés, les attentes, les déceptions. Comment vivre tant que tout n’est pas réglé. Les filles des deux hommes, Dawn Dunphy et Naomi Vorhees n’avaient qu’une dizaine d’années quand elles ont chacune perdu leur père. Et la deuxième partie qui est consacrée à leurs vues respectives est particulièrement touchante et émouvante.

Bref, j’ai beaucoup aimé cette lecture poignante et émouvante sur un sujet difficile.