HISTORIQUE·LITTERATURE CONTEMPORAINE·POLARS/THRILLERS

Darktown – Thomas Mullen

Darktown de Tomas Mullen paru chez Rivages le 4.03.2020 – 500 pages – traduction Anne-Marie Carrière

Résumé :

Atlanta, 1948. Répondant aux ordres d’en haut, le département de police d’Atlanta est forcé d’embaucher ses premiers officiers noirs. Parmi eux, les vétérans de guerre Lucius Boggs et Tommy Smith. Mais dans l’Amérique de Jim Crow, un flic noir n’a pas le droit d’arrêter des suspects, de conduire des voitures de police ou de mettre les pieds dans les locaux de la police… Quand une femme métisse disparaît après avoir été vue pour la dernière fois dans la voiture d’un édile blanc, Boggs et Smith soupçonnent leurs collègues de vouloir étouffer l’affaire. Leur enquête les confrontera à un policier brutal qui dirige depuis longtemps le quartier.

Mon avis :

Darktown est un excellent roman qui mêle très habilement intrigue policière et roman historique sur l’intégration des premiers policiers noirs dans une Amérique encore très ségrégationniste de la fin des années 40.
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Boggs et Smith, deux anciens combattants, font partie des huit premiers noirs à avoir été recrutés, sous la contrainte du mouvement naissant pour les droits civiques des noirs, dans la police d’Atlanta. Révoltés par l’indifférence totale face au meurtre d’une jeune femme noire et malgré les restrictions qu’on leur impose dans l’exercice de leurs fonctions, ils décident de mener, au péril de leur vie, leur propre enquête pour trouver le coupable. Parce que s’ils sont bien policiers, ils ne peuvent pas mener d’enquête, ne peuvent circuler qu’à pied et toute interpellation n’est possible que par le concours de leurs « collègues » blancs. Et même leur uniforme de policier n’est qu’un faible rempart contre la haine raciale de certains blancs.

Dès les premières pages on est révoltés par ce qu’on lit, on est emportés dans un tourbillon de violence et de haine.

L’auteur a su créer une double tension dans ce roman qui attrape le lecteur et le kidnappe entre les pages jusqu’à la fin. Au suspense de savoir si nos deux policiers noirs vont réussir à trouver le coupable du meurtre s’ajoute celui de savoir s’ils vont, eux même, s’en sortir indemnes.

Eux qui avaient survécu jusqu’à l’âge adulte grâce à leur prudence et à leur discrétion, étaient tenus de patrouiller dans Darktown d’un pas lourd, dos droit et menton relevé, alors qu’ailleurs, en civil, ils devaient se faire tout petits, voire transparents.

Tout le contexte historique de cette époque est très bien présenté, tous les aspects en sont bien décortiqués et c’est un vrai plaisir de lecture.
Sans jugement, l’auteur dresse le portrait d’une époque qui, malheureusement, n’est pas encore totalement disparue de nos jours.

J’ai tout aimé dans ce roman, le parallélisme des deux duos de policiers, les deux policiers noirs auxquels on s’attache très vite, les deux policiers blancs qui interpellent le lecteur et donnent chacun une image de certains comportements.

C’est passionnant, j’ai énormément aimé cette lecture qui m’a fait penser aux romans de Jodi Picoult, mon autrice préférée pour sa capacité à traiter des questions essentielles de société en les intégrant dans des intrigues prenantes. Thomas Mullen a fait exactement pareil ici avec ce premier tome d’une série que j’ai dévoré. Et j’ai déjà le tome suivant Temps noirs dans ma PAL que j’ai trop hâte de lire.

LITTERATURE CONTEMPORAINE·ROMANCE

Eleanor & Grey – Brittainy C. Cherry

Eleanor & Grey de Brittainy C. Cherry paru chez Hugo Roman collection New romance le 12.03.2020 – 441 pages – traduction Marie-Christine Tricottet

Résumé :

Eleanor et Greyson, opposés en tous points, se rencontrent au lycée, tombent amoureux, et deviennent uniques l’un pour l’autre, jusqu’à ce que la vie et son lot de malheurs les sépare alors qu’ils ont 17 et 18 ans.

Lorsque 10 ans plus tard, Eleanor accepte ce boulot de nounou dans les beaux quartiers, comment aurait- elle pu imaginer, qu’elle devrait s’occuper des enfants de Greyson, son amour de jeunesse ? Mais le garçon qu’elle avait connu par le passé, est devenu un homme – un homme froid, solitaire, détaché de tout.

Le sourire qui perçait parfois le dans le regard tourmenté du garçon qui avait ravi son coeur d’une jeune fille, suffisait à convaincre Eleanor que ce garçon-là, valait la peine qu’on se batte pour le retrouver. Tout ce qu’espère Eleanor c’est d’avoir la chance de laisser une marque à son tour, sur l’ âme de Greyson East, qui l’a marquée à jamais.

Mon avis :

Eleanor & Grey est bien plus qu’une romance, c’est une magnifique et profonde histoire d’amour.
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Quand Eleanor et Grey avaient 16 ans, ils se sont trouvés et la relation qui s’est nouée entre eux était très belle, une histoire dont rêvent toutes les jeunes filles. Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille…elle les a séparés. Alors, quand 16 ans plus tard, Eleanor postule pour un nouveau poste de nounou elle est loin d’imaginer que ce travail va bouleverser sa vie…parce que son futur nouveau patron n’est autre que Grey, un homme froid et distant, bien loin du Grey de son adolescence.

L’idée de base est bien une romance à la construction assez classique mais l’autrice a su aller beaucoup plus loin en nous offrant une histoire profondément émouvante, poignante, teintée d’humour parfois. Les thèmes abordés sont très intelligemment exploités, le deuil, la perte d’un pilier de sa vie et comment continuer à vivre et à s’autoriser le bonheur. Les traumatismes quels qu’ils soient et qui rendent le chemin plus chaotique sont superbement bien amenés par l’autrice.

J’ai tout aimé dans cette lecture, tant avec Eleanor et Grey adolescents, réunis grâce à Harry Potter, qu’avec les mêmes 16 ans plus tard, changés par la vie et dont on espère qu’ils vont se retrouver. L’autrice joue avec nos sentiments, on passe du rire aux larmes, l’émotion est présente en continue et les personnages qu’ils soient principaux ou secondaires, sont tous tellement attachants qu’on ne veut pas les quitter.

C’est une histoire qui plaira à tous les amateurs de belles histoires avec de l’émotion, des pointes d’humour et de beaux combats. Et si le genre « romance » vous fait peur vous pouvez foncer les yeux fermés, je trouve qu’on se rapproche vraiment de la littérature dite blanche.

Bref, j’ai énormément aimé cette lecture et je ne peux que vous la recommander

LITTERATURE CONTEMPORAINE

Ohio – Stephen Markley

Ohio de Stephen Markley paru chez Albin Michel le 29.08.2020 – 560 pages – Traduction Charles Recoursé

Résumé :

Par un fébrile soir d’été, quatre anciens camarades de lycée désormais trentenaires se trouvent par hasard réunis à New Canaan, la petite ville de l’Ohio où ils ont grandi.

Bill Ashcraft, ancien activiste humanitaire devenu toxicomane, doit y livrer un mystérieux paquet. Stacey Moore a accepté de rencontrer la mère de son ex-petite amie disparue et veut en profiter pour régler ses comptes avec son frère, qui n’a jamais accepté son homosexualité. Dan Eaton s’apprête à retrouver son amour de jeunesse, mais le jeune vétéran, qui a perdu un œil en Irak, peine à se raccrocher à la vie. Tina Ross, elle, a décidé de se venger d’un garçon qui n’a jamais cessé de hanter son esprit.

Tous incarnent cette jeunesse meurtrie et désabusée qui, depuis le drame du 11-Septembre, n’a connu que la guerre, la récession, la montée du populisme et l’échec du rêve américain. Chacun d’entre eux est déterminé à atteindre le but qu’il s’est fixé.

Mon avis :

J’avais vu passer ce titre sur les réseaux sociaux et c’est une vidéo de Lecteurs.com repostée sur le mur instagram de @terres_amerique qui m’a convaincue de lire ce roman. Je vous la partage car elle pourrait bien vous donner envie de lire ce roman, si ce n’est pas déjà fait.

J’ai mis un peu de temps avant d’oser me lancer car bien souvent quand les avis sont enthousiastes, j’attends trop de ma lecture et le résultat n’est parfois pas à la hauteur de mes attentes. Et c’est un peu ce qui s’est passé, en tous cas pour la première partie de ce roman.

Ohio est comme un accouchement, de la souffrance, des montagnes russes d’émotions mais quand la délivrance arrive, tout est oublié et il ne reste plus que ce joli résultat.

Dans ce roman, on suit quatre personnages, deux hommes et deux femmes qui se sont côtoyés à l’école et qui se retrouvent, pas tous ensemble mais certains avec d’autres, à un moment de leur vie d’adulte qui est bien loin de ce qu’ils avaient rêvé.

C’est un peu comme un recueil de nouvelles, chaque personnage ayant droit à une partie qui lui est consacré et si au début on est un peu perdu dans cette construction où il est difficile de se situer temporellement, plus on avance dans la lecture et plus l’auteur nous capture et nous enferme dans son histoire.

Les thèmes abordés sont forts, les mots aussi, il y a des scènes à la limite du supportable, il est question de guerre, d’amour, de sexualité, de ressenti et d’émotions. Et question émotions, l’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère.

L’écriture est magnifique et s’il n’y avait pas eu au début de ce roman de longs passages où je me suis perdue, noyée dans le flot d’informations qui ont haché le film que je me faisais dans ma tête, cette lecture aurait été un coup de cœur tant j’ai adoré la tournure de cette histoire à partir du moment où on suit Dan Eaton. C’est avec ce jeune homme qui est revenu de la guerre en Irak avec un œil en moins que j’ai vraiment accroché, que je me suis attachée à ce jeune homme et que j’ai vraiment apprécié tout le reste du roman. Comme quoi il faut toujours aller au bout de sa lecture car on peut être agréablement surpris par ce que l’auteur nous réserve.
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Au final c’est une lecture marquante que j’ai appris à aimer au fil des pages, un très bon premier roman d’un auteur à suivre.

HISTORIQUE·LITTERATURE CONTEMPORAINE

La dame du Ritz – Mélanie Benjamin

La dame du Ritz de Mélanie Benjamin paru chez Albin Michel le 28.10.2020 – 400 pages – traduction Christel Gaillard-Paris

Résumé :

Rien ne peut arriver au Ritz : dans ce temple du luxe qui autorise les caprices les plus farfelus, le prestige protège de tout. Même du pire, pense-t-on avant que l’armée allemande n’occupe Paris en juin 1940. Les hauts dignitaires nazis, dont Hermann Göring, investissent l’hôtel ; les portiers élégants sont remplacés par des soldats aux portes d’entrée. L’insouciance cède à la peur.
Pour Blanche Auzello, l’épouse du directeur du Ritz, cette réalité est insupportable. La Dame du Ritz, une américaine rebelle et intrépide, n’est pas femme à se résigner. Mais comment faire ? Dans le palace où le bruit des bottes étouffe désormais les rires, Blanche comprend que sa seule issue est le mensonge. D’autant qu’elle cache un secret qui pourrait mettre sa vie et celle de son époux en danger, mais aussi ternir la légende du Ritz…

Mon avis :

Les lectures sur la seconde guerre mondiale sont mes lectures préférées et après avoir beaucoup lu sur les victimes directes, de poignantes histoires sur les juifs et leurs vies dans les camps de concentration, j’aime aussi découvrir de nouvelles histoires sur des victimes indirectes, celles de personnes ayant aussi vécu pendant cette triste période mais dont le retentissement sur leur vie est différent.

La Dame du Ritz fait partie de ces lectures. Inspirée de faits réels, cette histoire plonge le lecteur dans les coulisses du Ritz sous l’occupation.
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Quand ils se rencontrent Blanche est une jeune américaine qui débarque à Paris pour devenir actrice…frivole, légère et délurée elle aime s’amuser. Claude, lui est directeur du Claridge, et il tombe immédiatement sous le charme de cette américaine.

quelque chose céda dans sa poitrine et, pour la première fois de sa vie, il se demanda, lui, Claude Auzello, s’il ne venait pas d’être victime de la flèche de Cupidon

C’est un homme assez « basique » et avec des idées sur les femmes assez vieillottes.

Claude : » Les femmes, ça cuisine. En tous cas, en France, c’est comme ça. »

Blanche : « C’est comme ça en Amérique aussi (…). Les jeunes filles sont éduquées pour savoir cuisiner et entretenir une maison (…) mes soeurs et moi avons aussi été élevées comme ça – toutefois je me suis toujours débrouillée pour échapper aux cours. Il était hors de question que j’apprenne des conneries pareilles »

Le fossé entre l’image qu’il se faisait de sa vie avec Blanche et celle qui se profile est énorme. Leur relation amoureuse est bizarre, elle dérange, on ne sent pas un amour débordant entre eux et du coup aucune empathie ne se ressent pour ce qui leur arrive.
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Quand le Ritz est investi par les Allemands, la vie de Blanche et Claude est bousculée et si Claude semble se faire à cette idée, il a bien du mal à canaliser son épouse.
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Le contexte historique est bien décrit on voit bien les choses comme les personnages les voient, les descriptions sont concises mais visuelles et on s’imagine très bien la scène dans notre esprit. Et même si nous, lecteurs, en savent plus avec notre recul sur cette période, on ressent bien l’angoisse et la peur qui s’installent. Vivre au milieu des ennemis n’est pas chose facile.
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Pour moi il y a deux parties dans ce roman et si la première m’a un peu gonflée car consacrée à la relation Blanche/Claude et comment ils sont devenus le couple qu’ils sont au moment où les allemands débarquent au Ritz, tellement antipathiques, la seconde partie est plus rythmée et beaucoup plus prenante, on entre dans l’action et c’est beaucoup mieux. Plus émouvant, on découvre plein de choses qui éclairent notre lanterne et nous font aimer les personnages un peu plus.

Ce roman est une belle illustration de l’évolution qui peut se produire sur les gens face à une situation aussi dramatique.

ne rien faire contre les nazis, (…) ne rien faire pour tous les gens qui ont disparu (…) mais simplement regarder, accepter, pleurer la nuit dans son oreiller, la rend malade

C’est un roman qui prend son temps et qui n’est pas trépidant. Mais cela reste tout de même une très bonne lecture que j’ai bien aimée lire, une nouvelle facette de la vie des civils sous l’occupation allemande que j’ai pris plaisir à découvrir.

LITTERATURE CONTEMPORAINE

Les détectives du Yorkshire tome 2 : rendez-vous avec le mal – Julia Chapman

Les détectives du Yorkshire tome 2 : rendez-vous avec le mal de Julia Chapman paru chez La bête noire le 14.06.2018 – 408 pages – traduction Dominique HAAS et Stéphanie LEIGNIEL

Résumé :

Quand Mme Shepherd vient voir Samson O’Brien à l’Agence de Recherche des Vallons, convaincue que quelqu’un essaie de la tuer, le détective privé pense avoir affaire à une vieille dame un peu sénile. Pourtant, après une série de curieux incidents à la maison de retraite de Fellside Court, il se demande s’il n’aurait pas dû prendre la chose un peu plus au sérieux…
Alors que Noël approche, Samson se lance dans une enquête qui l’oblige à renouer avec les habitants de Bruncliffe, ceux-là mêmes qu’il a fuis une dizaine d’années auparavant et qui le traitent à présent comme un paria. Et qui mieux que la tempétueuse Delilah Metcalfe, propriétaire de l’Agence de Rencontre des Vallons, peut l’aider à regagner leur confiance ?

Mon avis :

Un petit cosy mystery aussi sympathique que le 1er tome. Quel plaisir de retrouver Delilah, Samson et Calimero dans cette nouvelle aventure.

Un mois seulement s’est écoulé depuis les événements du 1er tome et déjà la mort rôde de nouveau. Et en plus un bélier de compétition a mystérieusement disparu et Samson est chargé d’éclaircir ce mystère.

On découvre un peu plus nos deux protagonistes principaux et c’est toujours très drôle de voir leur relation piquante.

L’intrigue qui se déroule tranquillement est bien construite et même si la résolution ne m’a pas surprise, ce fût un plaisir de vivre aux côtés de ces deux enquêteurs un peu particuliers pendant près de 400 pages.

C’est moderne tout en conservant un petit côté désuet propre au genre, c’est très plaisant à lire, c’est parfois émouvant et souvent drôle et ça fait passer un très bon moment de lecture.

Cette série est vraiment très sympathique à lire, elle me rappelle Arabesque la série télévisée dont je ne ratais aucun épisode quand j’étais jeune, et j’ai hâte de poursuivre avec le tome 3 – rendez-vous avec le mystère

LITTERATURE CONTEMPORAINE

Rue Katalin – Magda Szabo

Rue Katalin de Magda Szabo par chez le Livre de poche le 11.04.2018 – 288 pages – traduction Chantal Philippe

Résumé :

Budapest. Des années après la disparition d’Henriette en 1944, les membres de trois familles demeurent sous l’emprise ténue de sa présence. Et, d’outre-tombe, la jeune fille nous introduit dans la vie naufragée de ceux qui furent ses amis : Bálint, Irén, Blanka, M. et Mme Elekes…
Qu’est-il arrivé pendant la guerre, rue Katalin ? Quels événements ont bouleversé l’existence de ses habitants pour toujours ?

Mon avis :

Comme quoi les lectures d’un même auteur peuvent se suivre mais ne pas se ressembler… du tout. Autant j’avais beaucoup aimé Abigaël, autant je suis passée complètement à côté de Rue Katalin que j’ai lu en entier et rapidement certes mais qui ne m’a pas plu.
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On suit l’histoire d’Irèn, Blancka, Balint et Henriette, de leur enfance dans la Rue Katalin à leur vie d’adulte, une vie qui aurait pu être heureuse mais qui a été bouleversée par la seconde guerre mondiale et par la mort d’Henriette dans des conditions plutôt dramatiques.
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L’histoire nous est racontée tantôt par Irèn, tantôt par le fantôme d’Henriette qui plane sur la vie des protagonistes, tantôt par un narrateur extérieur et après avoir eu du mal à rentrer dans l’histoire, l’auteure m’a perdue dans ce huis-clos psychologique où on se retrouve enfermés dans les pensées de celui qui raconte.
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Je n’ai pas aimé cette lecture dont je suis restée complètement détachée, sans aucun sentiment pour les personnages. Je l’ai subie plus que vécue cette lecture sans pouvoir me faire le film dans ma tête tant je n’ai pas adhéré à ce que je lisais.
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Bref, c’est un flop total.

LITTERATURE CONTEMPORAINE

Cendrillon & moi, la belle-mère parle enfin – Danielle Teller

Cendrillon & moi, la belle-mère parle enfin de Danielle Teller paru chez Pocket le 16.07.2020 – 448 pages – traduction Audrey COUSSY

Résumé :

C’est la marâtre la plus détestée de l’Histoire, celle dont on parle pour faire peur aux enfants désobéissants. Mais qui sait que la belle-mère de Cendrillon s’appelle en réalité Agnès, qu’elle a passé sa jeunesse à trimer comme bonne à tout faire, qu’elle a dû se battre comme une lionne pour accéder à un monde qui n’est pas le sien, que son époux était alcoolique et que sa belle-fille, petite princesse aux petons si délicats, est en réalité fort capricieuse ?
Agnès n’en peut plus des sornettes autour des pantoufles, des princes charmants et des citrouilles. Elle est bien décidée à rétablir la vérité, quitte à égratigner quelque peu la version officielle…

Mon avis :

Je l’avais vu passer au moment de sa sortie, il m’avait intriguée, le résumé m’avait donné envie de lire cette histoire qui promettait des révélations savoureuses sur la vraie personnalité de cette Cendrillon. Quand je suis retombée dessus lors d’un passage en librairie, je n’ai pas résisté et je ne l’ai pas laissé dormir longtemps dans la PAL.

Présenté comme une réécriture de conte avec un titre très accrocheur, cette histoire n’est pourtant pas celle qu’elle prétend être. Ce n’est pas la face cachée des relations entre Cendrillon et sa marâtre de belle-mère, celle où la belle-mère balance sur la princesse adulée qu’on a toutes aimées dans notre jeunesse.

Cette histoire est bien plus belle que ça. C’est l’histoire d’Agnès qui, à 10 ans, doit quitter sa famille qui n’a pas les moyens de la nourrir pour aller gagner sa croûte comme domestique dans un manoir et qui, durant toute sa vie, devra se battre pour survivre et faire reconnaître sa valeur en tant que femme dans un monde où les hommes font la loi.

Dans une ambiance très Downton Abbey, on suit Agnès dans toutes les (mes)aventures qui vont la mettre à l’épreuve, elle est une jeune fille puis une femme battante qui n’aura de cesse de réussir à tirer le meilleur de la vie malgré les affronts qu’elle aura à subir.

Alors oui le fond du conte est bien présent mais en filigrane et si les principaux éléments que l’on connaissait de la vie de cette horrible marâtre sont bien retranscrits, le sentiment qui domine à l’égard d’Agnès relève beaucoup plus de l’empathie, de l’admiration et de l’émotion une fois refermée la dernière page de ce roman.

J’ai énormément aimé cette histoire, je me suis attachée à Agnès, j’ai aimé sa force de caractère et son intelligence pour mener sa barque dans ce monde où la condition féminine n’était pas joyeuse. Plus qu’un conte, c’est une véritable histoire de courage et de force d’une femme que la vie n’a pas épargnée.

Une très belle lecture, émouvante, le combat d’une femme pour vivre tout simplement la vie dont elle avait envie.

LITTERATURE CONTEMPORAINE

L’aveuglement – José Saramago

L’aveuglement de José Saramago paru chez Points en 1995 – 384 pages – traduit par Geneviève Leibrich

Résumé :

Un homme devient soudain aveugle. C’est le début d’une épidémie qui se propage à une vitesse fulgurante à travers tout le pays. Mis en quarantaine, privés de tout repère, les hordes d’aveugles tentent de survivre à n’importe quel prix. Seule une femme n’a pas été frappée par la « blancheur lumineuse. » Saura-t-elle les guider hors de ces ténèbres désertées par l’humanité ?

Mon avis :

Je ne connaissais pas du tout cet auteur et c’est complètement par hasard que je suis tombée sur ce roman dans une boîte à lire. La lecture du résumé m’avait plu et convaincu de tenter l’aventure.

Mais il y a parfois un décalage entre la lecture qu’on avait imaginée à la lecture du résumé et la réalité de ce qu’on lit et c’est malheureusement ce qui s’est passé pour moi avec L’aveuglement.

Un homme tranquillement assis dans sa voiture, attendant que le feu passe au vert, devient subitement aveugle. C’est le début d’une épidémie qui se propage à toute vitesse et le gouvernement décide de confiner les aveugles dans un ancien hôpital psychiatrique, entassés dans des dortoirs.

Tout avait bien commencé. Même s’il m’a fallu m’habituer à la construction en pavé compact avec des dialogues intégrés dans le texte signalés par des majuscules après des virgules qui rendaient cette lecture peu fluide et pas forcément agréable à lire, j’ai réussi à passer outre et j’ai apprécié la mise en place de l’histoire.

Toute la première moitié est très intéressante. On vit avec le petit groupe d’aveugles constitué du premier contaminé, de sa femme qui voit mais qui a menti pour ne pas être séparée de lui et ceux qui ont été en contact avec lui et se retrouvent aveugles à leur tour. Tout est bien amené, on voit bien la chaîne de contamination et ce qu’ils vivent dans ces dortoirs est absolument horrible. On y voit des humains qui restent des humains et montrent toute la cruauté, l’égoïsme dont ils sont capables même dans une telle situation. C’était angoissant, oppressant, un huis-clos hyper tendu où l’horreur régnait à tous les instants. Et c’était bien.
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Mais voilà, ça n’a pas duré…sur la quatrième de couverture, on annonçait mille aventures de ces personnages livrés à eux-mêmes dans la ville, des hordes d’aveugles qui devront faire face à ce qui en l’homme est le plus primitif : la volonté de survivre à n’importe quel prix…du coup j’attendais avec impatience la partie sur la ville….et là ça a été la déconvenue la plus totale. Un calme plat qui n’a fait que descendre en flèche mon intérêt jusqu’à l’ennui total sur les dernières pages que j’ai lues en diagonale tellement j’en avais marre. Et la fin 😩

Je comprends quel était le but de l’auteur en nous racontant cette histoire. Télérama l’a d’ailleurs bien décrit :

 » José Saramago nous raconte qu’il faut parfois devenir aveugle pour réussir à voir la face cachée et essentielle des choses. Un beau livre plein d’espoir. « 

Mais c’est un élément que je n’avais pas en lisant la quatrième de couverture de mon exemplaire et du coup, certainement « polluée » par des films tels que Je suis une légende, World War Z, je suis passée complètement à côté de la seconde moitié de ce roman dont je m’étais fait un autre scénario dans ma tête.

Cette lecture fût donc une demi-réussite mais je vous le conseille quand même ne serait-ce que pour la première moitié qui est très édifiante sur le comportement humain.

COUP DE COEUR·LITTERATURE CONTEMPORAINE

Graveney Hall – Linda Newberry

Graveney Hall de Linda Newberry paru chez Phébus le 14.02.2013 et au Livre de poche le 29.01.2014 – 304 pages – traduction de Joseph Antoine

Résumé :

Quand Greg, un adolescent féru de photographie, découvre les ruines de l’ancienne demeure de Graveney Hall, il sait tout de suite qu’il tient un beau sujet. Épaulé par Faith, la fille d’un bénévole restaurant la propriété, il va tenter de percer le secret de cette mystérieuse bâtisse et de son dernier habitant, Edmund Pearson, disparu dans d’étonnantes circonstances pendant la Première Guerre mondiale. Une enquête qui va révéler bien plus de choses sur lui-même qu’il n’aurait pu l’imaginer.

Mon avis :

Graveney Hall dormait dans ma PAL depuis 2014, plusieurs fois je l’ai pris, en ai relu le résumé et puis l’ai reposé pour lui préférer un plus récent. Et puis dernièrement, une envie plus forte de sortir les vieux de ma PAL m’a fait lui donner sa chance…et mon Dieu qu’est-ce que j’ai bien fait !!!! Cette lecture est une pépite💕💕💕💕💕
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La plume de l’auteure est sublime. Douce, poétique, travaillée mais fluide et très agréable à lire, elle donne une profondeur à l’histoire, une histoire émouvante, bouleversante, forte et tellement riche.
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On suit deux jeunes garçons à deux époques bien différentes. Edmund en 1917, pendant la première guerre mondiale, dans une société anglaise très puritaine, qui a mystérieusement disparu pendant l’incendie de la propriété familiale, Graveney Hall, aujourd’hui une ruine en cours de rénovation où évolue Greg, un tout aussi jeune adolescent féru de photographie qui va chercher à comprendre, avec Faith, une jeune fille très croyante, qui était Edmund et à percer le mystère de cette disparition.

Des commentaires sur Livraddict avaient un peu refroidi l’enthousiasme de la non-croyante que je suis, mais cette lecture m’a emportée complètement. L’équilibre entre les deux époques est parfaitement maitrisé, on prend plaisir à lire chacune d’elles et à suivre nos deux jeunes hommes dans leurs vies d’adolescent en recherche de qui ils sont

C’est vrai il n’était pas tout à fait lui-même : ce lui-même qu’elle connaissait. Mais peut-être commençait-il à devenir lui-même justement: le vrai lui-même.

Il y est question d’amour, pur, celui qui a un sens, « trop important pour être galvaudé » et quelque soit l’autre.

« J’ai un rêve – un fantasmé. Passer une nuit dehors, au bord de la mer, avec quelqu’un d’autre. Une nuit chaude, paisible, sous un ciel vraiment clair. On resterait couchés là à regarder les étoiles, à écouter les vagues, puis ce serait l’aube et on irait dans l’eau, nager. Ce serait assez parfait pour durer toute ma vie. Les étoiles, l’obscurité, l’espace, le sable, les vagues, l’eau, la lumière« .

Les questionnements sur Dieu jalonnent cette histoire, tant avec Edmund qu’avec Greg et c’est bouleversant.

« On ne sait pas pourquoi les choses arrivent, alors on invente un Dieu omniscient qui sait, et comme pour toi il faut que ce soit un dieu bon, il doit exister une bonne raison à tout évènement, si affreux soit-il »… »Si tu Lui ouvres ton cœur, Il te montrera Son amour et Sa vérité. Ca ne peut pas se produire autrement. Ca ne passe pas par la raison ni par la logique ni par l’argumentation ».

Il n’y a que de belles phrases et de belles réflexions qui inspirent et font réfléchir.

Nous ne pouvons pas nous contenter d’être. Nous voulons plus que ce qui nous est imparti ; nous voulons des voitures, des cinémas, des piscines, des vacances sur le continent et ce n’est pas tout, nous considérons comme acquis le fait d’y avoir droit. Si on pouvait se contenter d’être, de vivre de ce que la terre a les moyens de nous donner au lieu de prendre et de prendre encore, les forets tropicales pousseraient et l’atmosphère serait propre et la terre trouverait son propre équilibre.


Je n’ai jamais autant noté de phrases qui me touchaient dans une lecture. Celle-ci a été d’un bout à l’autre un pur moment de bonheur livresque tant j’ai apprécié la plume de l’auteure mise au service d’une histoire magnifique, d’une profondeur immense qui m’a envoûtée.

Un énorme COUP AU COEUR dont je vous recommande vivement la lecture

COUP DE COEUR·LITTERATURE CONTEMPORAINE

Les affligés – Chris Womersley

Les affligés de Chris Womersley paru chez Albin Michel le 2 mai 2012 – 336 pages – traduction Valérie Malfoy

Résumé :

Australie, 1919. Alors que la Grande Guerre est enfin terminée, une épidémie de grippe espagnole ravage le pays. Dans une atmosphère de fin du monde, des hommes en armes bloquent les routes et parcourent les campagnes pour imposer la quarantaine.
Quinn Walker, un soldat démobilisé et hanté par ce qu’il a vécu, retrouve la petite ville de Flint en Nouvelle- Galles du Sud, qu’il avait quittée dix ans plus tôt, après avoir été accusé à tort d’un crime effroyable. Persuadé que son père et son oncle le pendront s’ils le trouvent, Quinn décide de se cacher dans les collines avoisinantes. Il y rencontre une gamine mystérieuse, qui l’encourage à réclamer justice et semble en savoir plus qu’elle ne le devrait sur son supposé crime…

Mon avis :

Les affligés était dans ma PAL depuis sa sortie et il attendait patiemment que je me décide à le lire. Et je peux vous dire que je regrette de l’avoir laissé patienter aussi longtemps.

Roman sombre et lumineux où il est question d’amour, de rédemption, de regret et de vengeance, Les Affligés est un livre fort, qui nous parle aussi des souffrances qu’impose la guerre tant à ceux qui partent au front, qu’à ceux restés derrière pour toujours.

« Un roman extraordinaire, fort, émouvant et superbement écrit, qui reste longtemps présent dans l’esprit du lecteur. » Notebook Magazine

Voilà ce qu’on nous dit sur la quatrième de couverture à la suite du résumé. Et si parfois je trouve ces phrases d’accroche quelque peu exagérées, ici il n’en est rien. C’est exactement ce que j’ai ressenti en le lisant. Je l’ai dévoré en deux jours et j’ai adoré.

Quinn s’est enfui loin de chez lui quand il a été vu, plein de sang, tenant dans ses mains le couteau qui avait tué sa petite sœur. En 1919, après avoir fait la guerre il revient chez lui, dans son village ravagé par la grippe espagnole, avec toujours la peur au ventre, effrayé à l’idée d’affronter son passé. Sa rencontre avec Sadie, une petite fille qui erre dans les collines où il se cache, va bouleverser sa vie.

C’est émouvant, fort, passionnant. Les deux personnages sont hyper attachants et les sentiments profonds.

Quin est encore une jeune homme mais abîmé moralement par la guerre.

« s’il fermait les yeux pour ne plus voir les cadavres ensanglantés et les arbres déchiquetés, il entendait encore les armes et les hurlements s’il se bouchait les oreilles, il sentait encore la terre trembler ; l’odeur du gaz imprégnait ses narines ; tout ce qu’il touchait était humide ou sanglant. Même dans son sommeil, il rêvait d’éclairs, de vêtements déchirés, de grommellements. Cela n’en finissait pas. »

Comment ne pas s’attacher à ce jeune homme qui a dû fuir alors qu’il se savait innocent ? Qui a tout perdu…sa soeur, sa confidente, celle avec qui il entretenait des liens très forts et par la même occasion ses parents qui le croient coupables. C’est impossible de rester indifférent.

Et le personnage de Sadie n’est pas en reste non plus. Très mystérieuse, cette petite fille qui apparaît dans la vie de Quin, intrigue, questionne. On ne sait pas quoi penser. Est-elle réelle ou est-elle une émanation de l’esprit torturé de Quinn?

C’est un roman qui traite de la guerre, de ses conséquences sur ceux qui l’ont faite mais aussi sur ceux qui sont restés au pays. Quinn, accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis se retrouve face à lui même, sous la menace constante de se faire prendre, arrivera-t-il à se remettre et à reprendre sa vie en main?

C’est magnifiquement écrit, c’est palpitant, il est impossible de le lâcher avant la fin.

Bref, une très belle lecture qui restera longtemps dans mes souvenirs