COUP DE COEUR·LITTERATURE CONTEMPORAINE

Le soleil des Scorta – Laurent Gaudé

Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé paru en 2004 aux éditions Actes Sud

Résumé

Parce qu’un viol a fondé leur lignée, les Scorta sont nés dans l’opprobre. A Montepuccio, leur petit village d’Italie du sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait vœu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec ce qu’ils appellent “l’argent de New York”, leur richesse est aussi immatérielle qu’une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie. Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela – dont la voix se noue ici à la chronique objective des événements – confie à son contemporain, l’ancien curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer.
Roman solaire, profondément humaniste, le nouveau livre de Laurent Gaudé met en scène, de 1870 à nos jours, l’existence de cette famille des Pouilles à laquelle chaque génération, chaque individualité, tente d’apporter, au gré de son propre destin, la fierté d’être un Scorta, et la révélation du bonheur.

Mon avis :

Le soleil des Scorta est le troisième roman de Laurent Gaudé pour lequel il a reçu le prix Goncourt en 2004. Il est traduit dans trente quatre pays.

Le soleil des Scorta met à l’honneur tant un pays, l’Italie, qu’une famille, les Scorta. De 1870 à nos jours, l’auteur retrace le parcours de cette famille pour qui tout n’avait pas commencé sous les meilleurs auspices mais qui fera preuve d’énormément de courage et de volonté.
Tout se déroule à Montepuccio, un petit village au Sud de l’Italie où Rocco, le premier des Scorta commença sa vie bien difficilement. Né d’un viol il réussira à retourner la situation à son avantage en bâtissant sa fortune par le crime et les vols mais décidera à sa mort de tout léguer à l’église afin que sa famille connaisse le prix de la sueur. On va ensuite suivre la vie de ses 3 enfants, Carmela, Giuseppe, Domenico, laissés dans la misère et qui devront se battre pour s’en sortir. Il y aura aussi Raffaele, un de leurs plus proches amis qui deviendra un Scorta par choix.

C’est une histoire de famille. « Chaque génération essaie. Construire quelque chose. Consolider ce qu’on possède. Ou l’agrandir. Prendre soin des siens. Chacun essaie de faire au mieux. Il n’y a rien d’autre à faire que d’essayer ». La famille est vraiment le pilier de cette histoire. On suit tous les personnages très attachants qui devront affronter la vie. Chacun aura sa croix à porter. Ils sont très attachés à leur village. « Nous l’aimons trop, cette terre. Elle n’offre rien, elle est plus pauvre que nous, mais lorsque le soleil la chauffe, aucun d’entre nous ne peut la quitter. Nous sommes nés du soleil…sa chaleur, nous l’avons en nous ». On vit avec eux les joies, les peines, les bons moments, les drames jusqu’à la fin de leur vie.

Glissés parmi le déroulement de cette vie, des chapitres écrits en italique où de la bouche de Carmela qui se confesse au Curé de la paroisse, sortent des morceaux de son histoire qui donnent un éclairage nouveau à certains passages.

Porté par une plume envoûtante, douce et poétique, très immersive, Laurent Gaudé nous emmène au pays des olives, sous un soleil de plomb dans une famille simple, touchante, aux fortes valeurs de travail et de persévérance car « quand tu te bats pour quelque chose, quand tu travailles jour et nuit comme un damné, quand tu sues pour construire ce que tu désires, tu vis les plus beaux moments de ta vie ». Il en profite également pour évoquer certains thèmes de l’histoire, la guerre, l’immigration en provenance de l’Albanie.

J’ai adoré passer, en quelques heures de lecture, toutes ces années aux côtés des Scorta, tous aussi attachants les uns que les autres. C’est un véritable coup de cœur tant pour la plume de l’auteur que pour l’histoire en elle-même. Une magnifique fresque familiale qui m’a emportée dès les premières lignes et tout comme les Scorta, je n’ai pas pu quitter le village de Montepuccio avant le point final.

COUP DE COEUR·HISTORIQUE

La plantation – Leila Meacham

La plantation – Leila Meacham paru aux éditions Charleston le 18 avril 2014
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Elisabeth Luc
528 pages – 22,50 euros

Résumé :

Caroline du Sud, 1835. Privé de son héritage, Silas Toliver veut partir avec sa bien-aimée Lettie vers un nouveau territoire portant le nom de Texas pour y établir sa plantation. Sans argent, il ne peut réaliser son rêve. Fille d’un riche propriétaire terrien, Jessica Wyndham a caché un esclave fugitif. Pour laver l’honneur de sa famille, son père propose un marché à Silas : il financera son expédition vers l’Ouest s’il accepte d’épouser Jessica, et de partir avec elle.

Mon avis :

Leila Meacham a connu un énorme succès avec Les Roses de Somerset, son premier roman. Publié dans vingt-cinq pays, il a été un best-seller du New York Times. Quand est venu le temps de nous offrir un second roman, elle a choisi de raconter comment les familles découvertes dans Les roses de Somerset étaient arrivés au Texas. Ainsi est né La Plantation, une fresque familiale époustouflante, passionnante qui emporte dès les premières pages.

On y découvre Silas, le cadet d’une famille de Caroline du Sud qui rève d’une plantation de coton dont il a déjà imaginé les moindres détails. Déshérité par son père qui a choisi de léguer le domaine familial à son frère aîné, il n’imagine pas rester et veut absolument offrir une vie meilleure à sa fiancée, la belle Lettie. On y découvre aussi Jessica Wyndham, une jeune fille de bonne famille qui défend férocement la cause des esclaves, jetant la honte sur sa famille. Pour sauver l’honneur de sa famille, son père décide de la faire partir. Il manigance la déchéance de Silas qui se retrouve contraint d’épouser Jessica pour pouvoir accomplir son rêve. C’est ainsi qu’avec son meilleur ami Jérémy Warwick, Silas Toliver et sa nouvelle épouse partent avec d’autres familles vers le Texas.

Ce voyage sera le début d’une aventure bouleversante et forte en émotions tant pour les personnages tous aussi attachants les uns que les autres que pour le lecteur qui suivra leurs vies jusqu’en 1900 et vivra avec eux l’amour, la haine, les tragédies, le bonheur, la guerre, les espoirs et bien des bouleversements marquants de cette époque. De l’arrivée sur la terre promise, on suivra avec eux la naissance de la petite ville qu’ils fondent Howbutker, son développement et sa résistance face aux évènements. C’est très prenant, l’écriture fluide et les chapitres courts donnent un rythme soutenu à cette lecture, on n’a absolument pas envie de quitter Silas et Jessica, on veut voir comment leurs relations vont évoluer, ce qu’ils vont faire de leur vie. Il n’y a aucune longueur et l’auteure arrive parfaitement à garder l’attention du lecteur. C’est un vrai plaisir.

Le contexte historique est très bien travaillé, l’auteur a dépeint avec beaucoup de réalisme la vie de l’époque. On est vraiment plongé au coeur de la ségrégation, à cette époque où les noirs n’avaient aucun droit et étaient considérés comme des objets appartenant à leurs maîtres. Les relations entre les maîtres et leurs esclaves est habilement décrite par l’auteur qui nous montre bien les différents comportements ; entre les esclavagistes féroces, les maîtres respectueux des traditions mais plus modérés et les fervents défenseurs des droits des esclaves, l’auteur dresse le portrait assez concret de la société de cette époque. On y découvre aussi le fonctionnement du Chemin de fer clandestin et les conséquences pour ceux qui y participent. Au fil des pages et des années qui s’écoulent, on vit aussi la montée en puissance du conflit Nord Sud jusqu’à ce qu’arrive inéluctablement la guerre et ses tristes conséquences. L’auteure arrive à maintenir un très juste équilibre entre Histoire et histoire et c’est très agréable de pouvoir être plongé dans une histoire captivante, intéressante et instructive.

J’ai adoré cette lecture qui a su combler toutes mes attentes de lectrice : une histoire forte, pleine d’émotions, au dynamisme constant et dont il est impossible de sortir avant la fin. J’ai maintenant hâte de pouvoir lire Les roses de Somerset.

COUP DE COEUR·LITTERATURE CONTEMPORAINE

Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa

paru le 12.02.2020 aux éditions Le livre de poche

Quatrième de couverture :

Petitesannonces.fr : Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.
Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence.
Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.

Mon avis :

Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa est un énorme COUP DE COEUR.

Avec ce roman, l’auteur a su combler toutes mes attentes de lectrice pour faire de cette lecture un merveilleux moment.

Avec un style fluide, l’auteur nous offre une très belle histoire, emprunte d’une petite pointe de mystère portée par le personnage de Joanne, cette jeune femme plutôt terne et peu causante qui a répondu à l’annonce d’Émile. Alors qu’on connait les raisons qui poussent Émile à partir, on ignore tout de ce qui a poussé Joanne à vouloir elle aussi tout quitter et partir à l’aventure dans un camping car avec un inconnu pour son dernier voyage.

Ces deux là n’ont a priori rien en commun et on a du mal, après les premières pages à voir comment ils vont pouvoir cohabiter pendant 830 pages…et puis finalement chacun apporte quelque chose à l’autre, ils se dévoilent et il est alors impossible de les quitter jusqu’à la fin que j’ai adorée parce que c’est celle que j’espérais de tout mon coeur.

Ce roman est aussi fort éprouvant en ce qu’il nous plonge au coeur de ce que vivent les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et leurs proches et le courage qu’il faut avoir pour appréhender cette maladie et ses conséquences.

Ce roman est une pépite, un hymne à la vie qu’on s’est choisie où le maître mot est de vivre pleinement chaque instant et d’apprécier chaque petit bonheur que vous offre la vie.

J’ai adoré suivre Joanne et Émile dans leur voyage et je ne peux que vous conseiller de prendre la route avec eux, vous ferez un un très beau voyage livresque.

❤️❤️❤️❤️❤️

THRILLER

Inexorable – Claire Favan

inexorable

Inexorable – Claire Favan – Editions La bête noire – Robert Laffont – 11 octobre 2018 – 384 pages – 20 €

Résumé :

« Vous ne rentrez pas dans le moule ? Ils sauront vous broyer.
Inexorables, les conséquences des mauvais choix d’un père.
Inexorable, le combat d’une mère pour protéger son fils.
Inexorable, le soupçon qui vous désigne comme l’éternel coupable.
Inexorable, la volonté de briser enfin l’engrenage…
Ils graissent les rouages de la société avec les larmes de nos enfants.« 

Mon avis :

Je n’avais jamais lu de roman écrit par Claire Favan et quand l’envie de la découvrir s’est fait ressentir, j’ai choisi de commencer par ce roman qui a été beaucoup critiqué par les fans de l’auteure. Habitués à ses autres romans, ils ont quelque peu décrié celui-ci comme trop différent. Il n’en a pas fallu plus pour me convaincre de commencer par celui-là car sans a priori sur l’auteur je pourrai l’apprécier sans comparer avec ses précédents. Et le résultat a été à la hauteur de mes attentes.

Inexorable est un roman machiavéliquement addictif, une histoire émouvante et forte, une intrigue extrêmement bien menée sans aucun temps mort, un lecteur en constante tension émotionnelle, bref un énorme coup de coeur pour ce roman que j’ai lu en 1 jour et demi tellement je n’ai pas réussi à quitter Alexandra et Milo avant de connaître le fin mot de leur histoire.

On suit Alexandra et Milo dans leur vie rendue difficile depuis que le père s’est fait arrêter par la police de manière assez violente surtout pour le petit Milo qui n’avait que 4 ans quand cela s’est produit et qui vouait une admiration sans bornes à son père. Ce traumatisme va bouleverser leur vie à tout jamais. La violence devient le mode principal d’expression du petit Milo et toutes les conséquences sur la vie de famille sont décortiquées par l’auteure de façon très réaliste et concrète. Alexandra est une maman dans laquelle toute lectrice peut se retrouver et suivre avec elle son combat pour s’en sortir et aider son fils est une bouffée d’émotions fortes, parfois difficiles à supporter.

L’histoire qui pourrait passer pour une simple histoire de famille et de maman qui doit affronter la vie et les problèmes dus à un adolescent prend une tournure forte et prenante dans la deuxième moitié du roman, on bascule dans le thriller et là, c’en est fini de notre liberté de lecteur. L’auteure nous a tellement attaché aux personnages que la lecture devient impossible à lâcher. On plonge dans le pire de ce que peut avoir à encaisser une maman et on vit, ressent, supporte, avec Alexandra toutes ses émotions, ses questionnements. C’est extrêmement prenant.

Pour cette première découverte de l’auteure, je n’ai absolument pas été déçue, j’ai adoré cette lecture, les émotions fortes qu’elle m’a procurées, la tension qui s’est installée progressivement, je me suis imaginée à la place d’Alexandra et c’est tout ce que j’aime dans une lecture, quand je m’y crois tellement que j’ai l’impression de vivre la vie des personnages par procuration. C’est un vrai bon moment de lecture.

THRILLER

Les démoniaques – Mattias Köping

les demoniaques

Les démoniaques – Mattias Köping – édition La mécanique générale – 19 avril 2018 – 372 pages – 9.90 €

Résumé :

Ils reprennent en choeur :
 » Joyeux anniversaire, salope ! Joyeux anniversaire, salope !  »
Ils l’ont encerclée, hilares, à poil. Ils sont tous là, son père, son oncle, Simplet, Waldberg, Delveau, Beloncle. Elle est à quatre pattes au milieu de la meute, fragile et nue, déchirée de sanglots. Son père la maintient par les cheveux.
Elle s’appelle Kimy.
Ce soir, on fête ses quinze ans.

Mon avis :

En février j’avais découvert Mattias Köping avec la lecture de son second roman Le Manufacturier que j’avais adoré dès les premières pages et qui avait été un énorme coup de coeur. Lire son premier roman Les démoniaques était donc une évidence. Et cette seconde lecture fût aussi excellente que la précédente, faisant de Mattias Köping mon auteur préféré en lieu et place de Carlos Ruiz Zafon qui occupait cette place depuis ma lecture de L’ombre du vent. Exit l’auteur espagnol, cocorico un auteur français est en tête de liste de mes auteurs chouchous.

Avec Les démoniaques, l’auteur nous offre un thriller magistralement orchestré, qui met des claques en pleine figure jusqu’au bout du bout. Même si j’ai eu un peu de mal à rentrer dedans (trop d’attentes par rapport au Manufacturier), une fois que Kimy a su toucher mon coeur cette lecture est devenue addictive et passionnante. L’intrigue est démoniaque, extrêmement bien construite et sur un rythme endiablé l’auteur nous mène par le bout du nez jusqu’à un final époustouflant. J’ai adoré.

Kimy est une jeune fille sombre, malmenée par la vie dès son plus jeune âge et par une personne dont le rôle était de la protéger et non pas de la violer et de la mettre au milieu d’un immense trafic de drogue, de prostitution et de violence. Car ce monstre de violence et d’horreur n’est autre que son propre père. Mais la jeune fille a de la ressource et elle est loin d’être une de ses filles soumises qui subissent leur sort sans se défendre.

« Elle se demandait s’il ne fallait tout simplement pas fuir sans demander son reste.Mais l’idée que son père s’en tire la révoltait. Elle ne voulait pas non plus juste le tuer. Cela aurait été trop facile. Il était également exclu d’aller en taule à cause de cette ordure. Sinon bonjour la double peine. Il l’aurait torturée toute sa vie durant et il la ferait encore souffrir après sa mort? Pas question bordel! Surtout, elle ambitionnait de détruire son existence avant qu’il ne meure, balayer tout ce qu’il avait bâti et venger tous ceux qu’il avait anéantis »

Et c’est la littérature qui va la sauver, nous la rendre plus humaine, plus sensible. Sa rencontre avec un professeur de lycée, taciturne, provoquée par le vol d’un livre, puis tournant autour d’échanges sur ses lectures va lui faire découvrir que les relations humaines peuvent être basées sur le respect et la douceur. Henri, qui pourrait être son père, va savoir apprivoiser la petite rebelle et la relation qui se développe entre eux m’a embarquée complètement dans l’histoire.

Le « décor » est tellement bien planté qu’on s’y croirait. Le milieu de la drogue et du trafic organisé par l’Ours, le père de Kimy, est extrêmement bien décrit, le lecteur ne peut que visualiser les scènes. On a vraiment l’impression d’y être, un peu comme si on avait un casque de réalité virtuelle autour de la tête qui nous immerge complètement dans l’histoire.

L’auteur a un talent exceptionnel pour captiver son lecteur en le plongeant dans l’horreur la plus totale tout en lui faisant espérer une lueur au bout du tunnel. C’est terrible, glauque, violent mais tellement intelligemment construit, sans temps mort que ça passe tout seul et le pire c’est qu’on en redemande encore et encore.

Je suis définitivement conquise par la plume et le talent de Mattias Köping et je ne peux que vous recommander de découvrir ses romans.

LITTERATURE CONTEMPORAINE

Le mystère Henri Pick – David Foenkinos

le mystère henri pick

Le mystère Henri Pick – David Foenkinos – éditions Folio – 4 janvier 2018 – 336 pages – 7.90 €

Résumé:

En Bretagne, un bibliothécaire recueille tous les livres refusés par les éditeurs. Parmi ces manuscrits, une jeune éditrice découvre une pépite écrite par un certain Henri Pick. Elle part à sa recherche et apprend qu’il est mort deux ans auparavant. Mais selon sa veuve, il n’a jamais écrit autre chose que des listes de courses… Aurait-il eu une vie secrète? Auréolé de ce mystère, le livre de Pick aura des conséquences étonnantes sur le monde littéraire.

Mon avis :

« Chacun peut adorer la lecture, à condition d’avoir en main le bon roman, celui qui vous plaira, qui vous parlera, et dont on ne pourra pas se défaire«  (p18). Je n’avais pas lu cet auteur depuis 2011, certainement parce que ma lecture à l’époque de son roman Les souvenirs ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable (j’ai du retourner sur mon premier blog pour me souvenir de ce que j’en avais pensé !!!).  Ce roman n’était pas le bon pour me faire apprécier l’auteur…. Ma sœur m’a offert Le mystère Henri Pick pour mon anniversaire l’année dernière et il dormait bien sagement dans ma PAL. C’est en lisant l’avis d’une instagrammeuse que j’ai eu envie de le lire. Et j’ai eu bien raison car j’ai adoré cette lecture.

On y découvre une histoire mystérieuse d’un roman trouvé dans une bibliothèque de livres refusés par les éditeurs…un auteur improbable…. un succès fou… des conséquences divertissantes… une enquête… des soupçons….et puis la révélation finale qui emporte… la magie du processus éditorial, de ce qui fait le succès d’un roman…c’est bien écrit, c’est drôle, attendrissant, émouvant et captivant. Bref j’ai adoré.

La lecture est une question de ressenti et les lecteurs ont chacun leurs propres attentes et  peuvent avoir des ressentis différents à la lecture d’un même roman. Un livre refusé par un éditeur ne signifie pas forcément qu’il est mauvais, cela signifie juste qu’il n’a pas su toucher et combler les attentes du lecteur ou des lecteurs désigné(s) pour décider de l’avenir du manuscrit soumis à la maison d’édition. La bibliothèque des livres refusés de ce petit coin reculé de la Bretagne a été créée par un amoureux des mots, Jean-Pierre Gourvec pour qui « la question n’était pas d’aimer ou de ne pas aimer lire, mais plutôt de savoir comment trouver le livre qui vous correspond…en détaillant l’apparence physique d’un lecteur, il était capable d’en déduire l’auteur qu’il lui fallait« . Après sa mort, Magali, son assistante a continué à tenir la bibliothèque qui avait évolué et dont les étagères contenant les livres refusés se sont retrouvés délaissés… jusqu’à ce que Delphine, une jeune éditrice de passage chez ses parents découvre ce lieu surprenant et ce manuscrit qui va changer la vie de bien des personnes.

Au travers de ce récit très bien construit, mystérieux et très agréable à lire, l’auteur décortique habilement et avec subtilité tout le processus éditorial, la communication autour de la sortie d’un roman, ce qui fait que les lecteurs achètent ou non le roman. Tout en associant le lecteur à l’enquête pour savoir qui était ce Henri Pick et surtout comment ce pizzaiolo avait pu écrire un tel roman, l’auteur nous divertit avec les conséquences d’un tel succès, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.

Les personnages sont tous aussi attachants les uns que les autres et c’est un vrai plaisir de lire ce qui leur arrive à la suite de cette découverte et comment ils affrontent les situations qui se présentent.

Le tout donne un roman captivant dont on tourne les pages avec frénésie pour connaître le fin mot de l’histoire qui est à la hauteur de la tension progressive qui se dégage de cette lecture. Les cinquante dernières pages sont rudes pour toute autre activité que la lecture car on ne peut pas se sortir de ce roman avant de découvrir la résolution finale.

Une lecture passionnante, une comédie qui prend des airs de thriller, un petit bijou à lire pour percer le mystère!!

LITTERATURE CONTEMPORAINE

Tu comprendras quand tu seras plus grande – Virginie Grimaldi

tu comprendras quand tu seras plus grande

Tu comprendras quand tu seras plus grande – Virginie Grimaldi – éditions Le livre de poche – 3 mai 2017 – 480 pages – 8.20 €

Résumé :

Quand Julia débarque comme psychologue à la maison de retraite Les Tamaris, elle ne croit plus guère au bonheur. Une fois sur place, elle se souvient aussi qu’elle ne déborde pas d’affection pour les personnes âgées. Dire qu’elle a tout plaqué pour se sauver, dans tous les sens du terme.
Mais au fil des jours, la jeune femme découvre que les pensionnaires ont des choses à lui apprendre. Son quotidien avec des papys farceurs, des mamies fantaisistes et des collègues au cœur brisé lui réserve des surprises qui pourraient bien l’aider à retrouver le sourire. Sans oublier Raphaël, le petit-fils d’une résidente, qui ne lui est pas indifférent…
Une histoire de résilience, d’amour, d’amitiés, un livre plein d’humour et d’humanité, qui donne envie de savourer les petites joies de l’existence.

Mon avis :

Je n’avais jamais lu cette auteure mais j’avais envie de la découvrir vu tout le bien que ceux qui l’ont lue en disent alors quand je suis tombée sur ce titre à la médiathèque, j’ai saisi l’occasion…et je ne me regrette absolument pas tant la découverte fût belle.

Ralph Waldo Emerson a écrit « Notre plus grand mérite n’est pas de ne jamais tomber, mais de nous relever à chaque fois ». C’est cette citation qui ouvre le début de ce roman et elle s’applique parfaitement à ce que vit Julia, l’héroïne de ce roman. Après avoir vécu un drame, cette parisienne part dans le sud pour prendre le poste de psychologue dans la maison de retraite Les Tamaris.

« Plus ma voiture avance, plus j’ai envie de reculer (…) Peut-être que personne ne me remarquera si je fais demi-tour (…) Le derniers pas qui me séparent de l’entrée durent une éternité. Une marche. Je peux encore partir. Deux marches. Il me suffit de regagner ma voiture. Trois marches. Personne n’en saura rien, après tout.

– Entrez, nous vous attendions!

Je n’ai pas le temps d’atteindre la porte qu’une femme apparaît dans l’encadrement.(…) Je cherche mentalement une issue de secours, une excuse pour fuir, mais rien ne vient. Alors, je souris poliment, lui tends la main et la suis vers mes huit prochains mois« 

Dès les premières phrases j’ai accroché au ton très pétillant et teinté d’humour que l’auteur met dans les pensées de Julia et je n’ai pas réussi à le lâcher. Le rythme est ultra dynamique grâce à des chapitres extrêmement courts qui donnent envie de lire le suivant. Ce roman est comme un paquet de m&m’s, on le commence en se disant qu’on en prend un et puis finalement on se retrouve au bout du paquet qu’on a dévoré sans s’en rendre compte tellement c’est bon. Et c’est exactement ça, on avale les chapitres les uns derrière les autres en suivant la vie et les péripéties de Julia dans la maison de retraite, ses rencontres avec les pensionnaires, son immersion dans leur vie rythmée par les épisodes de Plus belle le vie, les séances de gymnastique douce, sa vie en communauté avec les autres membres du personnel. C’est drôle et émouvant à la fois, c’est très bien amené, on savoure tous les petits moments de bonheur, d’émotion et de situations cocasses parfois avec un plaisir immense.

L’auteure nous montre également, certes de façon peut-être idéalisée, que les maisons de retraite ne sont pas forcément des mouroirs et que les personnes âgées peuvent encore y vivre de belles histoires.

En tous cas, j’ai pris un énorme plaisir à lire ce roman qui fait sourire bien plus souvent qu’il ne fait pleurer. C’est un excellent moyen pour passer un très bon moment de détente et de plaisir livresque. A lire absolument !!!

THRILLER

Réveille-toi – François-Xavier Dillard

reveille toi

Réveille-toi – François-Xavier Dillard – éditions Belfond – 7 juin 2018 – 368 pages – 19 €

Résumé :

« C’est lorsque vous vous réveillerez que le cauchemar va vraiment commencer…
Basile Caplain est un greffé du coeur qui vit reclus, sans travail ni perspective. Sa seule obsession : dormir le moins possible, car ses nuits sont peuplées de cauchemars. Son unique ami, Ali, le gérant d’une station-service, est passionné par les faits divers. Un soir, ce dernier lui parle du meurtre barbare d’une jeune femme. Or, ce crime atroce, c’est exactement le rêve que Basile a fait deux jours plus tôt…

Paul est un paraplégique de dix-huit ans, génie de l’informatique, qui développe pour la police scientifique un programme baptisé Nostradamus – un algorithme révolutionnaire devant permettre de réaliser des portraits-robots hyperréalistes des criminels présumés.

Alors que des meurtres sauvages sont perpétrés à Paris, la police judiciaire met sur le coup son meilleur atout : le Dr Nicolas Flair, psychiatre mentaliste, qui a déjà résolu de nombreuses affaires.

Lorsque les chemins de ces trois protagonistes se croiseront, l’Inconscient, la Science et la Psychiatrie vont devoir collaborer pour essayer d’arrêter le pire des monstres… »

Mon avis :

Réveille-toi est un effroyable thriller, glaçant, passionnant qu’on lit en apnée du début à la fin. L’auteur nous offre une intrigue complexe aux multiples ramifications, avec de nombreux personnages forts et attachants. On ne voit rien venir et quand tout se met en place on se prend une claque monumentale.

Dès les premiers chapitres, l’auteur plonge le lecteur dans la perplexité la plus totale. En effet, l’auteur ouvre son roman sur la fin sans qu’aucun nom ne soit énoncé et à la fin de ce chapitre de 4 ou 5 pages, c’est fini le lecteur est alpagué et dévore les pages suivantes pour savoir comment on en arrive à ce qu’il vient de lire. Et c’est avec un talent indéniable que l’auteur tisse la toile de son récit car ce genre de construction est assez risqué dans la mesure où, si le lecteur devine, avant la fin du roman, les tenants et les aboutissants, le château de cartes s’écroule et le roman ne devient qu’un thriller convenu et sans grand intérêt.

L’auteur a axé son histoire autour de nombreux personnages au passé torturé et dont on apprend au fil des pages quelles sont les épreuves de la vie qu’ils ont dû affronter et qui les ont rendu tels qu’ils sont. Ces personnages sont extrêmement travaillés et deviennent peu à peu très attachants. On a vraiment envie de savoir comment ils vont s’en sortir et surtout on se demande comment l’auteur va articuler sont intrigue autour d’eux. Les passages sur Basile Caplain et ses cauchemars sont particulièrement durs. Outre la violence et les horreurs qui nous sont racontées, on ressent extrêmement bien toute la douleur du personnage qui subit ces cauchemars. C’est ce personnage qui m’a le plus plu.

Les thèmes abordés par l’auteur sont également très intéressants et interrogent profondément. La mise en place d’un logiciel qui, à partir de tous les documents d’un dossier, serait capable de déterminer le coupable et d’en dresser un portrait robot est une vision très futuriste du métier de policier. Et indéniablement, se pose la question de savoir si l' »heureux élu » désigné par le logiciel sera incontestablement le coupable… l’éternel débat machine/humain… j’ai trouvé cet aspect très intéressant et traité de manière intelligente.

L’auteur arrive à maintenir une tension et un suspens constants, le lecteur ne sachant absolument pas où tout ce qu’il lit va le mener… jusqu’aux toutes dernières pages qui révèlent le pot-aux-roses et qui laisse le lecteur pantois et ébahi par ce qu’il n’avait pas vu venir.

J’aime les thrillers qui passionnent, qui retiennent le lecteur entre les pages pendant tout le déroulement de l’intrigue et quant ils surprennent à la fin avec un dénouement qu’on n’avait pas vu venir, c’est le graal, le coup de coeur assuré. Et c’est ce que l’auteur a su m’offrir ici pour mon plus grand bonheur. C’est officiel je suis fan de la plume de l’auteur et des histoires qu’il nous propose.

THRILLER

Le Manufacturier – Mattias Köping

le manufacturier

Le Manufacturier – Mattias Köping – Editions Ring – 25/10/2018 – 548 pages – 21.90 €

Résumé :

Le 19 novembre 1991, une poignée de paramilitaires serbes massacrent une famille à Erdut, un village de Croatie. Laissé pour mort, un garçonnet échappe aux griffes des tortionnaires, les Lions de Serbie. Un quart-de-siècle plus tard, l’avocate Irena Ilić tente de remonter la piste jusqu’à la tête du commando, le sinistre Dragoljub.

Le 1er avril 2017, les cadavres d’une femme et de son bébé sont retrouvés dans la banlieue du Havre, atrocement mutilés. Niché dans le dark Web, un inconnu sous pseudonyme revendique le double meurtre et propose les vidéos de ses crimes à la vente sur son site Internet… Depuis quand sévit-il ? Prêt à transgresser la loi, le capitaine de police Vladimir Radiche s’empare de l’affaire qui sème la panique sur le pays, au risque de voir l’inimaginable s’en échapper.

Les deux investigations vont se percuter avec une violence inouïe. L’avocate et le flic ont des intérêts divergents et sont prêts à se livrer une guerre sans merci. Emportés dans l’abîme du terrifiant conflit yougoslave, les enquêteurs évoluent dans un vertige noir, gangrené par la violence et la corruption, où les plus pourris ne sont peut-être pas ceux que l’on croit. Crimes contre l’humanité, meurtres en série, fanatismes religieux, trafics entre mafias sans scrupules, l’étau se resserre au fil des chapitres. Les égouts de l’Histoire finiront par déborder, et vomir des monstres trop vite oubliés.

N’ayez pas peur.

Oui, il y a tout cela dans Le Manufacturier. Non, il n’y a pas d’autre issue.

Mon avis :

Je ne garde pas mes livres lus, je les revends pour en acheter d’autres…je ne relis jamais un livre lu…voilà les 2 règles qui réagissaient ma vie de lectrice depuis plus de 20 ans… Mais ça c’était avant de lire Le Manufacturier. Non seulement je vais conserver précieusement ce thriller mais en plus je me sens capable de le relire rien que pour l’écriture, l’ambiance et les émotions procurées par cette lecture hors normes. Mattias Köping intègre directement ma liste de valeurs sûres, les auteurs dont je peux acheter les romans sans appréhension, ceux dont je sais qu’ils me feront passer un très bon moment livresque. Vous l’aurez compris il s’agit d’un énorme coup de coeur 💞💞💞💞💞💞

Le Manufacturier est une lecture, non plutôt une expérience livresque, hors du commun. Je ne suis pas un public averti, je lis en général des thrillers plutôt « classiques » mais l’horreur ne me fait pas peur et je dois avouer que j’ai kiffé cette tension, cette violence qui imprègnent cette histoire. Parce qu’il y en a de la violence dans cette histoire, oui, mais il ne s’agit nullement de mettre de la violence pour mettre de la violence, il y a une cohérence dans tout ce déferlement d’horreurs et tout ce que l’auteur a mis dans son récit a une utilité et sert l’intrigue. C’est du travail d’orfèvre et c’est hautement addictif (pour les plus sensibles, pensez à manger léger avant de lire…).

L’écriture est ciselée, directe, sans fioritures, percutante, l’auteur ne tourne pas autour du pot, n’enjolive pas les choses pour les rendre plus tolérables, il dépeint les situations telles qu’elles sont et c’est très plaisant à lire. Il n’y a pas de longueurs, chaque mot, chaque phrase a sa place et la succession des chapitres assez courts sur les différents protagonistes et les différentes « histoires » donne un rythme très fluide à cette lecture et un visuel très explicite. On lit un film (d’ailleurs j’ai lu sur le site de la maison d’édition que Netflix étudierait la possibilité d’une adaptation en film – qu’est-ce qu’il est bien ce Netflix !!!)

L’intrigue en elle-même est riche et dense. Elle est complexe et on ne peut absolument pas imaginer où l’auteur veut nous emmener. Il tisse les fils des différentes histoires qui vont se ramifier en une toile dans laquelle on se retrouve, nous lecteur, prisonniers, en apnée, avides de savoir ce qui va se passer et comment tout ça va finir.

Tout est magistralement orchestré et le travail de l’auteur sur l’Histoire est phénoménal. On sent la recherche et la profondeur dans le récit qui lui donne un aspect hautement réaliste et ce n’en est que plus captivant. J’ai tout adoré dans cette lecture qui m’a embarquée totalement et à laquelle je pense encore après avoir refermé le roman. C’est d’ailleurs la première fois que l’envie de relire un livre me taraude.

Bref, cette lecture fût un coup de coeur monumental, une claque, une histoire que je n’ai jamais eu envie de quitter et qui me hante encore.

Si vous faites partie des rares personnes qui ne l’ont pas encore lu, mais qu’est-ce que vous attendez nom de d…!!!!

Pour finir quelques mots sur l’auteur :

mattias koping

Né au Havre en 1972, Mattias Köping est un passionné de littérature Nord-américaine et de boxe anglaise, écrivain de littérature noire primé deux fois en 2018 pour son premier thriller, acclamé, « Les Démoniaques ». Le Manufacturier est son second thriller.

POLARS/THRILLERS

Qaanaaq – Mo Malø

qaanaaq Qaanaaq – Mo Malø – Editions De La Martinière – 31 mai 2018 – 496 pages – 20.90 €

Résumé :

Dans le vaste pays blanc, l’esprit de Nanook se réveille. Le grand ours polaire, seigneur des lieux, protégera les siens. Jusqu’au bout.

Adopté à l’âge de trois ans, Qaanaaq Adriensen n’a jamais remis les pieds sur sa terre natale, le Groenland. C’est à contrecoeur que ce redoutable enquêteur de Copenhague accepte d’aller aider la police locale, démunie devant ce qui s’annonce comme la plus grande affaire criminelle du pays : quatre ouvriers de plateformes pétrolières ont été retrouvés, le corps déchiqueté. Les blessures semblent caractéristiques d’une attaque d’ours polaire. Mais depuis quand les ours crochètent-ils les portes ?

Flanqué de l’inspecteur inuit Apputiku – grand sourire édenté et chemise ouverte par tous les temps –, Qaanaaq va mener l’enquête au pays des chamanes, des chasseurs de phoques et du froid assassin. Et peut-être remonter ainsi jusqu’au secret de ses origines.

Mon avis :

Qaanaaq  est un excellent polar qui offre une intrigue dense et riche menée par un personnage emblématique, profond et hautement attachant. Savant mélange d’enquête à la française et à la scandinave ce roman est passionnant. J’ai adoré cette lecture.

Je ne saurais dire si j’aurais choisi de lire ce titre si Anaïs Sérial Lectrice n’en avait parlé avec autant de fougue et de passion alors je ne peux commencer cet article sans la remercier chaleureusement pour cette recommandation qui m’a conduite à sauter sur ce titre dès que je l’ai vu à la bibliothèque. Et ce fût une très belle découverte pour moi tant de la plume de l’auteur que pour l’histoire passionnante qu’il nous offre dans ce polar nordique.

Parce qu’on ne peut pas être plus au Nord que dans ce roman puisqu’il se déroule au Groenland, le pays des inuits, de la banquise et des ours polaires, un monde tout à fait à l’opposé du nôtre. L’auteur a su décrire parfaitement bien ce décor, on s’y croirait.  On sent bien l’énorme travail de documentation car non seulement les descriptions sont très réalistes et correspondent bien à l’image de ce pays que l’on peut voir dans les reportages à la télévision, mais l’auteur nous donne aussi de beaux passages instructifs sur le mode de vie des inuits, les légendes et les considérations quelque peu mystiques qui régissent leur comportement. J’ai énormément apprécié cet aspect du roman et qui s’intègre en plus parfaitement bien à l’intrigue.

On suit principalement deux personnages, Qaanaaq (et je suis désolée mais je fais partie de la team qui prononce Kaanaaq parce que le Hrr qu’on est censé prononcer du fond de la gorge non merci et en plus personne ne comprenait quand je le disais mdr), un enquêteur venu spécialement de Copenhague pour assister la police locale, en la personne de Apputiku, pour résoudre d’horribles massacres perpétrés dans la ville de Nuuk sur des ouvriers de plateformes pétrolières. J’ai beaucoup aimé suivre ces deux personnages que l’on découvre au fil des pages, qui sont extrêmement bien travaillés par l’auteur. Profonds et attachants ils portent le récit et représentent chacun une image différente de la police. Voir évoluer leur relation et la façon dont ils se voient est très plaisant.

En plus d’un décor hautement réaliste et de personnages forts, l’auteur nous offre une intrigue extrêmement bien ficelée, dense et riche. Sans pouvoir trop en dire sous peine de vous spolier, c’est une intrigue minutieusement orchestrée sur un rythme linéaire grandissant avec des rebondissements savamment placés pour donner un petit coup de fouet. L’auteur est le Musher qui guide les chiens de traîneau vers la résolution de l’enquête au rythme des obstacles qui se dressent sur la route (ici la banquise). C’est un savant mélange entre le rythme à la française et celui à la nordique. En effet, l’auteur colle parfaitement au rythme propre aux romans nordiques, un peu lent et fort descriptif mais tout en y ajoutant une pointe de sarcasme et d’humour à la française qui dynamisent le récit. On suit vraiment l’enquête aux côtés de nos deux enquêteurs, les indices et les réflexions qui les mettent sur une piste nous apparaissent logiques et cohérentes, on vit vraiment l’enquête avec eux et c’est ce côté très immersif qui me plait de plus en plus dans les polars.

Bref, j’ai adoré cette lecture pendant laquelle je ne me suis jamais ennuyée et dont chaque page lue a été un bon moment livresque.

Comme l’écrit l’auteur « Qu’on l’accepte ou non, résoudre une affaire criminelle revient toujours à faire son deuil« . Et bien il va me falloir accepter d’avoir quitté des personnages attachants et une ambiance particulièrement plaisante et d’attendre, peut être longtemps, un nouveau titre de l’auteur.

 

Pour finir un petit mot sur l’auteur:

Point de photo puisque l’auteur a décidé de rester anonyme. On sait juste que Mo Malø est l’auteur de nombreux ouvrages, sous d’autres identités. Il vit en France. Qaanaaq est son premier roman policier.

Pour en apprendre un peut plus sur lui je vous invite à découvrir l’interview qu’Anaïs Serial Lectrice a réalisée et publiée sur son blog le 6 juillet 2018 Lumière sur…Mo Malo

Et d’une manière générale, même si je pense que seuls les habitants d’une autre planète ne connaissent pas Anaïs et ses chroniques, je ne peux que vous recommander chaudement cette blogueuse de talent qui offre toujours des avis avisés et sincères.