LITTERATURE CLASSIQUE

Le tour d’écrou – Henri James

Le tout d’écrou est un court roman paru initialement en feuilleton dans un magazine en 1898. C’est un récit très mystérieux, sombre et angoissant dont j’ai apprécié la lecture même si je l’ai trouvée moins accessible que mes lectures habituelles.

On assiste, comme le premier narrateur, à la lecture du journal d’une gouvernante. La jeune femme a été engagée par un riche célibataire pour veiller sur ses neveu et nièce, Flora et Miles, orphelins qui vivent dans une vaste propriété isolée à la campagne. Si les deux enfants apparaissent extraordinairement charmants, bien vite il se passe des choses troublantes qui remettent en cause la quiétude de l’endroit. De mystérieuses apparitions d’anciens serviteurs apparaissent à la gouvernante et c’est tout l’univers de cette lecture qui bascule.

Les « classiques », que j’ai beaucoup lus quand j’étais jeune, ne font plus partie de mes lectures habituelles et même si de temps en temps je prends plaisir à retrouver ce genre,, chaque lecture demande une concentration intense que je n’ai pas forcément au moment où je lis. Dans Le tour d’écrou le style est assez lourd avec des notes de bas de page qui expliquent comment analyser la lecture qui m’ont peu intéressée et que j’ai fini par ne plus lire car cela me coupait trop dans ma lecture. Le texte est donc moins accessible et beaucoup plus dense mais malgré cela j’ai quand même apprécié l’ambiance de ce roman.

C’est un huis clos puisqu’on est en permanence avec cette gouvernante et toute la lecture se fait dans l’ambiguïté la plus totale. C’est magistralement orchestré par l’auteur qui joue avec nos nerfs tant on s’interroge sur ce qu’on est en train de lire : thriller ou roman fantastique? la gouvernante est-elle la proie d’esprits maléfiques, réels ou non, qui en veulent à sa vie? sommes-nous dans l’esprit torturé d’une femme malade et doit-on se fier à tout ce qu’elle raconte? Pendant toute la lecture le lecteur est plongé dans ce que voit et raconte la gouvernante et cette ambiguïté constante, ce questionnement dure jusqu’à la dernière page. Et j’ai énormément aimé être dans cet état de « stress » pendant toute ma lecture, j’ai aimé tourner les pages pour savoir ce qu’il en était réellement.

J’avais vu le film adapté de ce roman avec Nicole Kidman et si je ne me souvenais plus de la fin, cette lecture m’en a rappelé l’ambiance froide, angoissante et prenante qui met en ébullition les perceptions du lecteur et j’ai bien envie de revoir le film maintenant que j’ai lu le roman dont il est adapté.

Cette lecture est idéale en cette période d’octobre, à lire au coin du feu, sous un plaid, avec une boisson chaude pour se réchauffer et compenser le froid glacial qui s’instillera doucement au fur et à mesure que les pages de ce livre se tourneront. Un classique de plus à ajouter à mes bons souvenirs de lecture et dont je vous recommande la lecture si vous ne l’avez pas encore lu.

Je remercie Sylvie du compte @lectures_sur_ordonnances sur Instagram pour m’avoir donné envie de lire ce roman

LITTERATURE CLASSIQUE

Comment je devins auteur dramatique et Mon odyssée à la Comédie-Française – Alexandre Dumas




Comment je devins auteur dramatique d’Alexandre Dumas paru le 20 décembre 1833, dans La Revue des Deux Mondes
Mon odyssée à la Comédie Française, d’Alexandre Dumas chapitre de ses Souvenirs dramatiques(1868), paru d’abord, en 1856, dans Paris et les Parisiens au XIXe siècle, moeurs, arts et monuments

Ces deux lectures sont très intéressantes sur le processus qui a amené Alexandre Dumas à être l’auteur qu’on connaît.

Alexander Dumas père par Nadar - Google Art Project.jpg
Portrait d’Alexandre Dumas en 1855 par Nadar


Dans « Comment je devins auteur dramatique » paru le 20 décembre 1833, dans La Revue des Deux Mondes, on découvre comment ce provincial monté à Paris à 20 ans pour gagner sa vie va être amené à devenir auteur. Il nous raconte son travail dans l’Administration obtenu grâce aux relations militaires de son père, et la manière dont il a pu faire connaître sa plume et se lancer dans l’écriture de pièces de théâtre, les difficultés qu’il a rencontrées pour conjuguer son travail administratif et sa nouvelle vie d’écrivain.

Dans Mon odyssée à la Comédie Française, chapitre de ses Souvenirs dramatiques(1868), paru d’abord, en 1856, dans Paris et les Parisiens au XIXe siècle, moeurs, arts et monuments, c’est son combat pour faire jouer ses pièces qu’il nous raconte, tant contre le comité de lecture pour les faire accepter que contre les acteurs/trices pour leur faire jouer le rôle qu’il leur assignait.

Paris Comedie-Francaise exterior.jpg
Bâtiment de la Comédie-Française au XVIIIe siècle

C’était très sympathique et intéressant à lire. On sent bien le côté très élitiste de la Comédie Française et le « pouvoir » dont disposent ses membres sur les pièces qui sont susceptibles d’être jouées chez eux.

Ces deux lectures assez éloignées de mon genre de lecture habituel fûrent plaisantes à lire par leur côté instructif. Je regrette seulement qu’il n’y ait eu aucune information sur son évolution ultérieure vers l’écriture des romans qui ont fait son succès.

Lecture faite dans le cadre du programme de Coach Zola que je ne peux que vous recommander (cliquez ici)

LITTERATURE CLASSIQUE

La ferme des animaux – George Orwell

La ferme des animaux de George Orwell publié en 1981 aux éditions Champ Libre

Résumé :

Un certain 21 juin eut lieu en Angleterre la révolte des animaux. Les cochons dirigent le nouveau régime. Snowball et Napoléon, cochons en chef, affichent un règlement : « Tout ce qui est sur deux jambes est un ennemi. Tout ce qui est sur quatre jambes ou possède des ailes est un ami. Aucun animal ne portera de vêtements. Aucun animal ne dormira dans un lit. Aucun animal ne boira d’alcool. Aucun animal ne tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux. » Le temps passe. La pluie efface les commandements. L’âne, un, cynique, arrive encore à déchiffrer : « Tous les animaux sont égaux, mais (il semble que cela ait été rajouté) il y en a qui le sont plus que d’autres. »

Mon avis :

La ferme des animaux est un court roman, publié en 1945 en Angleterre et en 1981 en France, très plaisant à lire.


Tout commence quand Sage l’ancien, un vieux cochon qui a fait un rêve, s’adresse aux animaux en ces termes :
« Quelle est donc, camarades, la nature de notre existence ? Regardons les choses en face : nous avons une vie de labeur, une vie de misère, une vie trop brève. Une fois au monde, il nous est tout juste donné de quoi survivre, et ceux d’entre nous qui ont la force voulue sont astreints au travail jusqu’à ce qu’ils rendent l’âme. Et dans l’instant que nous cessons d’être utiles, voici qu’on nous égorge avec une cruauté inqualifiable. Passée notre première année sur cette terre, il n’y a pas un seul animal qui entrevoie ce que signifient des mots comme loisir ou bonheur. Et quand le malheur l’accable, ou la servitude, pas un animal qui soit libre. Telle est la vérité. Et doit-il en être tout uniment ainsi par un décret de la nature ? Notre pays est-il donc si pauvre qu’il ne puisse procurer à ceux qui l’habitent une vie digne et décente ? Non, camarades, mille fois non ! (…) Tout tient en un mot : l’Homme. Car l’Homme est notre seul véritable ennemi. Qu’on le supprime, et voici extirpée la racine du mal. Plus à trimer sans relâche ! Plus de meurt-la-faim ! (…) L’Homme est la seule créature qui consomme sans produire. Il ne donne pas de lait, il ne pond pas d’oeufs, il est trop débile pour pousser la charrue, bien trop lent pout attraper un lapin. Pourtant le voici suzerain de tous les animaux. Il distribue les tâches entre eux, mais ne leur donne en retour que la maigre pitance qui les maintient en vie. Puis il garde pour lui les surplus. Qui laboure le sol ? Nous ! Qui le féconde ? Notre fumier ! Et pourtant pas un parmi nous qui n’ait que sa peau pour tout bien. »


Ce discours (qui raisonne encore aujourd’hui de vérité dans les relations Gouvernement-patrons / « petit peuple » -salariés de notre époque actuelle) aura pour conséquence de fédérer l’ensemble des animaux de la ferme. Épris de liberté et voulant être les maîtres de leurs vies ils espèrent vivre tous ensemble, à égalité et ne plus être exploités. Ils se révoltent et virent le fermier.


L’auteur transpose ainsi la société animale à la société humaine, le tout avec beaucoup d’humour dans les descriptions de situations, dans les dialogues, dans tout le récit d’ailleurs. Tous les animaux sont des personnages représentant une catégorie de personnes, ceux qui croient aveuglément en tout ce que le chef dit, ceux qui cherchent à comprendre, ceux qui réfléchissent. C’est extrêmement bien fait, ce d’autant plus que la plume de l’auteur est très agréable et accessible. Teintée de poésie, on découvre des vers dans les phrases ce qui donne un côté chantant à cette histoire et la rend très sympathique à lire.


L’auteur décortique le fonctionnement de la société, la façon dont les belles promesses sont mises en œuvre et détournées et où la satisfaction personnelle finit toujours par l’emporter sur le bonheur collectif. L’auteur nous montre que finalement le pouvoir est un mal qui trouve toujours un chemin.


C’est une lecture que j’ai énormément appréciée tant pour la plume de l’auteur teintée de poésie que pour l’histoire très incisive, drôle et à la conclusion très bien amenée.

Lecture faite dans le cadre du programme de Coach Zola que je ne peux que vous recommander (cliquez ici)