HISTORIQUE·POLARS/THRILLERS

Les suppliciées du Rhône – Coline Gatel

Les suppliciées du Rhône de Coline Gatel paru le 6.02.2019 chez Préludes – 448 pages

Résumé :

Lyon,1897. Alors que des corps exsangues de jeunes filles sont retrouvés dans la ville, pour la première fois des scientifiques partent à la recherche du coupable, mettant en pratique sur le terrain toutes les avancées acquises en cette fin de XIXe siècle. Autopsies des victimes, profils psychologiques des criminels, voilà ce que le professeur Alexandre Lacassagne veut imposer dans l’enquête avec son équipe, mais sait-il vraiment ce qu’il fait en nommant à sa tête Félicien Perrier, un de ses étudiants aussi brillant qu’intrigant ? Entouré d’Irina, une journaliste pseudo-polonaise, et de Bernard, un carabin cent pour cent janséniste, Félicien va dénouer, un à un, les fils enchevêtrés de cette affaire au coeur d’un Lyon de notables, d’opiomanes et de faiseuses d’anges.
Jusqu’à ce que le criminel se dévoile, surprenant et inattendu, conduisant le jeune médecin au-delà de ses limites.

Mon avis :

Les suppliciées du Rhône est un savant mélange de polar et d’historique qui donne un roman passionnant et instructif.
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Pour le côté intrigue, des jeunes femmes sont retrouvées mortes après avoir subi, toutes, d’atroces mutilations. Deux jeunes étudiants en médecine légale, Félicien et Bernard, sont chargés de mener l’enquête pour trouver le coupable. Et c’est là qu’entre en scène le côté historique de cette histoire car nous sommes en 1897 et pour la première fois ce ne sont pas des policiers qui vont enquêter mais des médecins légistes. Avec leurs techniques particulières, toutes les connaissances acquises, ils vont se baser sur la science et les constatations sur les scènes de crime pour essayer de résoudre cet énigme. Entre prises d’empreintes, techniques pour savoir si un cheveu est celui d’une femme ou d’un homme, autopsies et détermination de l’heure du décès, nous sommes au tout début de la naissance de la criminologie, et c’est passionnant.
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Il y a aussi, Irina, une journaliste qui se joint à eux. Indépendante, n’ayant pas froid aux yeux, elle incarne le côté féminin de cette histoire et illustre la façon dont les femmes étaient considérées à cette époque où porter un pantalon pour une femme exigeait d’être titulaire d’un certificat de travestissement !!!
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L’autrice a su entremêler tous les aspects pour nous offrir un polar historique haletant, avec des indices, des pistes, des rebondissements et des questions qui tout en baladant le lecteur, donnent l’impression de participer activement à l’enquête. J’ai beaucoup aimé me forger des impressions…fausses bien sûr…et me faire surprendre par le final de cette histoire.
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Il n’y a rien à redire, ce roman policier est vraiment très bon, porté également par une très belle plume, et j’ai passé un excellent moment de lecture.
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Coline Gatel entre dans ma liste d’autrices à suivre et j’ai hâte de lire son prochain polar qu’elle m’a annoncé être prévu pour le mois de mai 2021 .

POLARS/THRILLERS

Fantazmë – Niko Tackian

Fantazmë de Niko Tackian paru chez Calmann-Levy le 3.01.2018 – 300 pages – disponible chez Le livre de poche depuis le 2.01.2019

Résumé :

Janvier 2017. Dans une cave du XVIIIe arrondissement de Paris, un homme est retrouvé, battu à mort. Le commandant Tomar Khan pense à un règlement de compte. Le genre d’affaire qui restera en suspens des années, se dit-il. Mais voilà, l’ADN relevé sur les lieux a déjà été découvert sur le corps d’un dealer albanais, battu à mort dans une cave lui aussi. Et bientôt une rumeur court dans les quartiers chauds de Paris, celle d’un tueur insaisissable, un Fantazmë, un « spectre » en albanais, qui s’en prend à la pègre. Avec cette enquête troublante, Tomar Khan plonge dans des zones d’ombre où s’affronteront inévitablement son devoir de policier et ses sentiments d’être humain.

Mon avis :

J’avais découvert il y a quelques temps Niko Tackian avec son roman Toxique, le premier roman où apparaît le commandant Tomar Khan et cette lecture n’avait pas été transcendante, j’avais trouvé la résolution de l’intrigue trop rapide et la découverte du coupable plus basée sur un coup de chance qu’une véritable investigation. Je n’avais plu relu cet auteur depuis. Mais à force de vois passer des avis positifs sur ses romans postérieurs, j’ai eu envie de retenter l’aventure. j’ai donc emprunté Fantazmë à la bibliothèque. Il s’agit du second tome de la série avec le commandant Tomar Khan et il est préférable de les lire dans l’ordre car le fil rouge de la situation personnelle du policier est très présent, voire prépondérant par rapport à l’intrigue policière. Cette seconde tentative est plus réussie que la première même si je reste un peu sur la réserve à cause du déséquilibre entre vie personnelle du personnage principal et intrigue policière.

Fantazmë est un polar rythmé qui se lit vite grâce à des chapitres ultra courts et qui plonge le lecteur dans les bas-fonds de la mafia albanaise à Paris. Un cadavre affreusement mutilé dans une cave mène Tomar Khan et son équipe sur la piste de Fantazmë, le « spectre » en albanais, un mystérieux tueur dont les victimes sont plus proches des démons que des anges. Trafic de femmes, prostitution, guerre des gangs et crise des migrants, ce second tome est beaucoup plus sombre que le précédent, également parce que la situation personnelle de Tomar est loin d’aller en s’arrangeant. Hallucinations et emmerdements rythment son quotidien avec l’apparition d’un inspecteur de l’IGPN chargé d’enquêter sur ce qui s’est passé dans « Toxique » le précédent tome.
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J’ai préféré ce roman au précédent, l’intrigue étant plus aboutie et prenante que dans Toxique. Le personnage de Tomar est plus attachant, surtout avec l’apparition de sa mère. Le personnage de Rhonda est aussi mis plus en avant, elle n’est pas simplement là pour incarner la femme flic, elle participe activement à l’intrigue et c’est appréciable.
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Le seul petit bémol que je soulèverai c’est que l’équilibre entre l’intrigue policière et celle propre à Tomar et son histoire n’est pas forcément là ; la première m’a semblé accessoire, laissant la seconde prédominer et j’ai eu plus l’impression de lire un tome 2 de la saga Tomar Khan que l’histoire de Fantazmë.
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Je lirai les tomes suivants parce que j’aime beaucoup la personnalité de ce flic particulier et de sa coéquipière et que j’ai envie de savoir ce qui va leur arriver surtout après la façon dont celui-ci se termine mais avec l’attente tout de même d’une intrigue policière principale de qualité.